« La Mécanique de l'ombre »
Ce personnage, un homme solitaire dépassé par ce qui lui arrive, on l'a vu bien des fois au cinéma. Pour autant, on va le suivre avec un grand intérêt, car Thomas Kruithof installe dès la première scène une atmosphère intrigante et un style élégant. « La Mécanique de l'ombre » est le premier long métrage de ce passionné de ce cinéma, qui signe l'habile scénario avec Yann Gozlan.
Il s'appelle Duval et, après un burn-out et deux ans de chômage, accepte le travail que lui propose le mystérieux M. Clément : retranscrire, seul dans un appartement vide, des écoutes téléphoniques. Évidemment, la mécanique s'enrayera et notre héros devra sortir de l'ombre et agir.
Pour ce thriller d'espionnage, le réalisateur s'est inspiré très librement d'affaires et de complots qui ont touché la France ces trente dernières années. L'histoire qu'il imagine sonne juste en interrogeant les coulisses du pouvoir et les manipulations de l'individu. La mise en scène est forte, s'appuyant avec justesse sur le talent des interprètes, François Cluzet, dans un rôle quasi mutique, Denis Podalydès, Sami Bouajila, Simon Abkarian et la subtile Alba Rohrwacher. Une réussite.
« The Birth of A Nation »
Dans son premier film de metteur en scène, l'acteur noir Nate Parker s'attache à éclairer la figure de Nat Turner, esclave de Virginie qui, en 1831, mena une révolte vite réprimée mais qui contribua à lancer le débat sur l'abolition de l'esclavage. William Styron en avait donné une image contestée dans son roman publié en 1968, « les Confessions de Nat Turner », prix Pulitzer. Nate Parker a voulu « rendre justice à la vie et au courage de cet homme hors du commun », montrer aussi l'importance de s'unir pour lutter contre l'injustice.
On peut reprocher au réalisateur (qui joue le rôle principal, en plus d'être aussi scénariste et coproducteur) la grande violence de certaines scènes – dont on ne doute pas qu'elles reflètent la réalité de l'époque –, les portraits presque tous négatifs des propriétaires blancs, et peut-être la tentation de faire de son héros un personnage un peu christique. L'histoire en tout cas méritait d'être contée et elle l'est de façon efficace. « The Birth of a Nation » a obtenu le Grand Prix du jury et le Prix du public au festival de Sundance 2016*.
« La Grande Muraille »
Voici, selon son interprète principal, Matt Damon, un « blockbuster interculturel », à savoir une coproduction américano-chinoise qui retrace la lutte héroïque des guerriers impériaux et de quelques mercenaires étrangers contre des créatures monstrueuses. Les tao-ties sortent de la mythologie chinoise et le scénario imagine que la Grande Muraille a été construite pour s'en protéger.
Le numérique permet de multiplier les monstres à loisir tout en filmant au plus près leurs mâchoires ensanglantées et de mettre en valeur les talents acrobatiques ou autres de ceux qui les combattent. C'est d'autant plus spectaculaire qu'on n'a pas lésiné sur les costumes et les décors. On peut s'en lasser, d'autant qu'on ne doute pas un seul instant que Matt Damon et la belle Jing Tian vont s'en tirer (mais ils ne s'embrassent même pas !). Le talent de metteur en scène de Zhang Yimou (« Épouses et concubines ») est toujours là. Ah, s'il pouvait l'utiliser aussi pour dire quelque chose de la Chine d'aujourd'hui !
Et aussi
« Dalida » : Lisa Azuelos fait revivre la chanteuse décédée il y a trente ans, incarnée ici par l'actrice italienne Sveva Alviti. Dalida que l'on peut retrouver en hologramme, en compagnie d'autres vedettes disparues, dans le spectacle « Hit Parade » (jusqu'au 26 février au Palais des Congrès puis en tournée).
« Le Divan de Staline » : Fanny Ardant filme l'ogre Depardieu dans le rôle du petit père des peuples, d'après le roman de Jean-Daniel Baltassat.
« The Last Face » : Sean Penn, qui a souvent été mieux inspiré, fait de Javier Bardem et Charlize Theron des médecins humanitaires œuvrant au Liberia et au Sud-Soudan. Ils s'aiment mais sont en désaccord sur les moyens d'aider les populations martyrisées. Les intentions sont nobles, les personnages héroïques, les méthodes hollywoodiennes, mais la mise en scène est pesante et les dialogues frôlent trop souvent le ridicule. Dommage.
* Un succès entaché par des accusations de viol contre Parker et son coscénariste Jean Celestin, lorsqu'ils étaient à l'université. En 2001, le premier a été acquitté et le deuxième condamné à six mois de prison. La victime s'est suicidée en 2012.
DJ et médecin, Vincent Attalin a électrisé le passage de la flamme olympique à Montpellier
Spécial Vacances d’été
À bicyclette, en avant toute
Traditions carabines et crise de l’hôpital : une jeune radiologue se raconte dans un récit illustré
Une chirurgienne aux nombreux secrets victime d’un « homejacking » dans une mini-série