Bien sûr, guerre et paix s'opposent comme noir et blanc et, au début de son livre, l'auteur s'amuse avec les mots, les intervertissant. Imaginez des menaces de paix, des déclarations de paix, pensez à la paix du Péloponnèse, à la Paix civile d'Espagne, etc. La paix, c'est simple, c'est l'absence de guerre. Et, en grande partie grâce à la construction européenne, nos contrées semblent connaître une relative harmonie.
Nous savons pourtant que ceci n'est qu'apparent. De nombreux conflits ensanglantent la planète, dont l'Europe hérite directement, faut-il insister sur ce point ? Le bruit et la fureur incendient nos frontières.
Laissons-nous aller à la beauté d'un paysage, suggère malicieusement Jean-Claude Carrière. Un petit ruisseau, de douces collines, des champs, des prairies ...dans lesquels nous déversons des tonnes de pesticides et d'insecticides. Petit ruisseau dans lequel des moucherons, des insectes, des oiseaux se gobent, et voici la guerre, déjà, au niveau d'une micronature.
Si paix il y a, dit l'auteur, « elle est toujours un peu grise ». L'homme a le talent de voir des « armes de destruction massive ». Il n'y en avait pas ? Quelle déception ! Ce sera quand même le prétexte pour une guerre.
Bizarrement, notre regard humain sur ces événements est terriblement ambigu. Auschwitz, Hiroshima et les génocides cambodgien ou rwandais devraient nous avoir à tout jamais guéris des pires atrocités. Mais voyez, disait Bergson, l'enthousiasme du soldat qui va régler son compte au vilain dictateur et rêve d'en découdre.
D'ailleurs, que serait vraiment un monde en paix ? Peut-on imaginer que disparaissent toutes les sources de conflits, alors que la dispute anime patrons et employés, propriétaires et locataires, maris et femmes ?
Et dans un monde paisible ou pacifié, de quoi pourrait-on parler ? Que raconter ? « Plus d'Homère, plus de Shakespeare, plus d'épopées et de tragédies, plus de Balzac, plus de Simenon. » Oh, Barbara, « quelle connerie la paix », ironisait un faux Prévert.
Alors, acceptons avec Jean-Claude Carrière cette situation grise et donnons acte au bon sens des stratèges : « Si tu veux, la paix, prépare la guerre ».
« La Paix », Odile Jacob, 288 p., 22,90 €
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