C’EST PEU DE DIRE que c’est une réussite ! Il faut remonter aux réalisations de Rudolf Noureev pour retrouver un tel faste décoratif sur la scène du Palais Garnier, mélange de danse, de poésie et de mise en scène. Pour cette résurrection, on a mis les grands moyens : Christian Lacroix pour de somptueux costumes, colorés, riches, évocateurs, à la manière des Ballets russes, du Caucase de fantaisie où se déroule cette fantasmagorie. Éric Ruf, sociétaire de la Comédie-Française et scénographe de surcroît, a créé, avec des cordages (les fameuses guindes du théâtre à l’ancienne), des velours de rideau et quelques accessoires, des espaces oniriques.
Jean-Guillaume Bart a mis toute son énergie dans le projet de faire rejaillir cette « Source » perdue, brûlée, oubliée. Créé en 1866 à l’Opéra de Paris, ce ballet, inspiré d’un tableau d’Ingres, évoque la passion contrariée d’un esprit aquatique pour un beau chasseur, lui-même amoureux d’une belle promise au Khan. Magie, revirements du très frivole Khan et fin douce-amère faisaient de l’argument une histoire orientale idéale, très au goût des spectateurs de l’époque romantique tardive, avec une musique confiée à deux compositeurs en vogue, Minkus et Delibes. Le succès ne fut pas au rendez-vous et le ballet passa aux oubliettes. Pire, presque toutes ses archives furent détruites dans l’incendie de la salle Le Pelletier. Il a fallu à Jean-Guillaume Bart beaucoup d’érudition et de patience pour remonter les morceaux manquants, cherchant plus à lui redonner vie qu’à en faire une reconstitution historique.
La chorégraphie mêle très habilement la culture classique, avec des pas de deux, de grands ensembles et des danses de caractère, à une vision plus moderne, avec beaucoup d’allusions à Balanchine et de recherches dans les détails. Des trois distributions possibles, celle que nous avons vue était dominée par la belle Naïla, l’esprit de la source, dansée avec beaucoup de finesse et de virtuosité par Myriam Ould-Braham, face au Djémil ardent à la technique impeccable de Josua Hoffalt. On a cependant regretté chez eux, comme chez l’ensemble des danseurs, une certaine timidité dans le pur exercice de la comédie. Belle prestation aussi pour Muriel Zusperreguy, Nouredda, promise au Khan, elle aussi au niveau des grandes difficultés techniques dont Bart a truffé sa chorégraphie. Alessio Carbone dansait avec esprit le rôle en or de Zaël, elfe de Naïla, sorte de Puck à la fois aérien et malicieux.
Dirigée avec énergie, mais pas toujours assez de finesse, par Koen Kessels, la partition, dont la réalisation était confiée à Marc-Olivier Dupin, ne manquait pas de panache. Le compositeur français a réussi à varier suffisamment les différentes sources musicales du ballet sans pour autant engendrer la lassitude. Le résultat est remarquable et donne une grande unité à cette chorégraphie à la fois virtuose et onirique.
Opéra de Paris Palais Garnier (tél. 0892.89.90.90 et www.operadeparis.fr), jusqu’au 12 novembre.
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