CLASSIQUE - Comédie musicale, danse, opéra

Une semaine à Paris

Publié le 29/04/2013
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Crédit photo : FR. LEVIEUX/ONP

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Crédit photo : OPÉRA DE PARIS/M. RITTERHAUS

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Crédit photo : M.-N. ROBERT/CHÂTELET

LA CRÉATION française de « Sunday in the Park with George », la vie du grand peintre Georges Seurat mise en musique par l’Américain Stephen Sondheim, dont le Châtelet a déjà montré « Sweeney Todd » et « A Little Night Music », est un autre grand succès à mettre au crédit de ce théâtre. Le tableau « Un dimanche après-midi à l’île de la Grande Jatte » en est le prétexte. La réalisation de Lee Blakeley et William Dudley est un modèle de clarté et d’invention. Grande réalisation musicale aussi, avec, luxe absolu, l’Orchestre philharmonique de Radio-France, dirigé par David Charles Abell, dans la fosse (une nouvelle orchestration a été réalisée pour l’occasion), et une formidable distribution dominée par Julian Ovenden, qui incarne le peintre (et son petit-fils dans la deuxième partie), et Sophie-Louise Dann de Dot, dans le double rôle de la maîtresse du peintre et de Marie, sa grand-mère. Grand moment d’émotion au rideau final, quand Steven Sondheim, légende vivante de la culture populaire américaine, est venu recueillir du public et des artistes une ovation grandement méritée.

L’Opéra de Paris fêtait pour sa part au Palais Garnier le tricentenaire de l’École de danse, fondée en 1713 par Louis XIV. Dirigée aujourd’hui par la danseuse étoile Élisabeth Platel, elle reste un vivier nourrissant les forces du corps de ballet de l’Opéra de Paris. Le rituel spectacle annuel était cette année moyennement enthousiasmant. Avec le bien traditionnel ballet « la Nuit de Walpurgis », du « Faust » de Gounod, dans une réalisation de Claude Bessy, précédente directrice de l’École, d’après Léo Stats, production qui a au moins un mérite documentaire aujourd’hui, quand on coupe les ballets des grands opéras du XIXe. Et « Péchés de Jeunesse » (2000), de Jean-Guillaume Bart sur une musique de Rossini, décidément bien long et lassant dans sa volonté perpétuelle de se situer entre néoclassicisme et néobalanchinisme. Plus excitants étaient la reprise d’« Aunis » (1979), chorégraphie historique de Jacques Garnier devenue une rareté du répertoire, et « D’ores et déjà », une nouveauté, réalisée par Béatrice Massin et Nicolas Paul pour 18 garçons, sur des extraits des « Indes Galantes » de Rameau. Le niveau d’excellence de l’École nous a cependant paru moins élevé que les années précédentes.

Troisième événement, la création à l’Opéra de Paris de « Hänsel und Gretel »*, d’Engelbert Humperdinck. Mariame Clément a réalisé une mise en scène qui complique délibérément l’histoire des frères Grimm. Une maison de poupée en coupe frontale (peut-être idéale pour les cinémas où il a été projeté le 22 avril mais mauvaise idée pour le Palais Garnier, où la visibilité n’est pas donnée à toutes les places) contient l’action, dédoublée le plus souvent entre les chanteurs et les acteurs figurant parents et enfants. On se perd un peu dans cette réinterprétation à la lumière de la psychanalyse, qui ne va pas au bout de son propos. La translation de l’univers paysan à celui de petit-bourgeois XIXe siècle et l’absence totale de forêt enlèvent à cette sublime musique beaucoup de son charme. Heureusement, le niveau vocal était excellent, surtout pour les deux rôles-titres, Daniela Sinram et Anne-Catherine Gillet. Le numéro de sorcière d’Anja Silja, épatante comédienne mais vocalement désormais hors d’usage, était un des meilleurs moments de cette soirée, dirigée, hélas sans finesse, par Claus Peter Flor, qui confond un peu Humperdinck et Wagner.

* Opéra de Paris, Palais Garnier (tél. 0892.89.90.90, www.operadeparis.fr), jusqu’au 6 mai. Places de 10 à 180 euros.

OLIVIER BRUNEL

Source : Le Quotidien du Médecin: 9238