Dès le premier tableau de cette production signée par Vincent Huguet, ancien assistant de Patrice Chéreau, on se dit que cela fera un formidable spectacle de répertoire. Décors monumentaux d’Aurélie Maestre convoquant l’architecture des années 1920, costumes soignés, mouvements de foules réglés au cordeau, comme dans le très coloré tableau du Cours-La-Reine ou dans les somptueux appartements des protagonistes. Seul le dernier tableau, de la Route du Havre, écrase un peu la triste fin de l’héroïne.
Mais les reprises si souvent mal distribuées à l’Opéra de Paris permettront-elles au spectacle d’avoir un aussi grand impact que la première avec sa luxueuse distribution ? Une distribution soignée à l'extrême et qui brille par son équilibre. Le soprano sud-africain Pretty Yende, qui, la saison passée, a triomphé à Garnier en Traviata, incarne totalement toutes les facettes de Manon. Avec une voix fraîche et agile, mais un peu faible dans le medium, elle est aussi à l’aise dans la frivolité du personnage débarquant à Paris pour croquer la vie à pleines dents que dans les évolutions les plus dramatiques de son personnage.
De même, dans le rôle du malheureux Chevalier des Grieux, Benjamin Bernheim, ténor français à la carrière fulgurante, convainc entièrement, malgré une légère raideur physique, et culmine dans l’acte de Saint-Sulpice avec des aigus clairs et rayonnants.
Hélas, au dernier tableau si tragique, on réalise que le volume de ces deux voix, à la diction parfaite mais éprouvées par trois longues heures, n’est pas suffisant pour la grande salle bastillane et que, peu aidées par un chef trop enclin à les couvrir, elles accusent une fatigue qui nuit au dénouement.
Somptueux aussi le Lescaut de Ludovic Tézier, le Bretigny de Pierre Doyen, le Guillot de Morfontaine de Rodolphe Briand et le Comte des Grieux de Roberto Tagliavini.
L'action de « Manon » est située ici entre les deux grandes guerres du siècle dernier sans que la crédibilité des personnages n'en soit affectée. La réflexion de Vincent Huguet sur l'héroïne est très pertinente. On regrettera seulement qu’il ait tronqué la fin du premier tableau et tout le début du dernier acte au profit de fantaisies hors sujet jouées devant le rideau fermé, comme une chanson de Joséphine Baker ou le fredonnement de des Grieux avant le tableau final. De même, le fait de faire fusiller Manon n’offre pas une alternative satisfaisante à sa mort d’épuisement sur la route du Bagne.
L’Orchestre de l’Opéra de Paris a joué somptueusement la partition, chef-d’œuvre de Massenet, sous la direction parfois un peu trop rigide et sonore du chef Dan Ettinger.
Opéra de Paris-Bastille, jusqu’au 10 avril. Tél. 0892.89.90.90, operadeparis.fr Retransmission dans les cinémas UGC le 17 mars à 19 h 30, diffusion sur France Musique le 2 mai à 20 heures
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