À contre-courant des épopées sociales ou familiales actuelles, Colombe Schneck (« la Réparation », « Dix-sept ans ») raconte, dans « la Tendresse de crawl » (1), une brève histoire d’amour entre une femme de 50 ans et un homme à peine plus jeune. Le livre est lui aussi très court, mais cette rencontre n'a rien d'une anecdote.
Ils s’étaient connus, à peine, au lycée, avaient chacun fait leur vie et divorcé, puis ils s’étaient retrouvés devant l’école de leurs enfants. Habitant à cinq minutes l’un de l’autre, ils avaient toutes les chances de se croiser au Franprix du quartier ou à la piscine, où il l’ouvre à « la grâce poétique » du corps. Après avoir connu une succession d’hommes et d’échecs, elle hésite à le croire lorsqu’il lui dit qu'il l’aime et elle vit dans la peur – d’une autre femme, d’un accident, de la mort. Il disait aussi que si elle était « la femme de sa vie », il savait que l’amour entre un homme et une femme n’est pas indéfectible. Elle vivra jusqu’au bout dans l’incertitude de l’amour.
Quatre escales
Ancien professeur de géographie à l’université de Rouen, Michel Bussi a bien négocié sa reconversion vers l’écriture, puisqu’il est aujourd’hui le deuxième auteur français le plus lu, avec des ouvrages vendus à 8 millions d’exemplaires et traduits en 34 langues. Il est aussi un auteur pour qui les plus belles histoires d’amour ne meurent jamais, comme en témoigne son nouvel opus, « J’ai dû rêver trop fort » (2), où il mêle habilement le romantisme mélancolique d’une histoire d’amour passionnelle et l’addiction d'une intrigue à suspense.
Le récit se concentre autour de Nathy, une hôtesse de l’air qui a vécu, vingt ans auparavant, une histoire d’amour avec un jeune musicien qui a failli balayer sa vie d’épouse et de mère. Alors qu’elle part une nouvelle fois vers l’aéroport, des événements inexplicables surviennent autour d’elle, des coïncidences, des péripéties et d’étranges manipulations. Comme si on s’évertuait à lui faire revivre cette parenthèse passionnelle. Quand passé et présent se répètent au point de défier toute explication rationnelle, doit-on admettre que l’on peut remonter le temps ? Réponse en quatre escales, Montréal, San Diego, Barcelone et Jakarta, entre 1999 et 2019.
L'énigme des désirs
Écrivain égyptien d’origine italo-turque et de culture française, spécialiste de Proust qui vit aux États-Unis et écrit en anglais, André Aciman a dû attendre l’adaptation au cinéma en 2017 de son premier roman, « Call Me by Your Name » (« Plus tard ou jamais » ou « Appelle-moi par ton nom » en français), paru en 2007, pour obtenir une audience internationale. Dans « les Variations sentimentales » (3), il invite à une promenade au jardin des souvenirs de Paul et de ses amours passées. On rencontre ainsi Giovanni, le menuisier de ses parents lorsqu’il était adolescent en vacances sur une petite île italienne ; Maud, avec qui, plus tard à New York, il aurait pu construire un couple ; Manfred, son obsession, qui deviendra finalement son compagnon ; mais aussi Chloé, avec laquelle il retournera sur le campus en Nouvelle-Angleterre où ils s’étaient connus, et Heidi, qui lui permettra peut-être d’être à nouveau amoureux. Empreint de sensualité autant que de mélancolie, le roman nous interroge sur l’énigme de nos désirs, de nos amours, de nos vies.
Le malheur face au bonheur
Mais qu’en est-il du désamour et de ses conséquences ? David Foenkinos, dont plusieurs romans ont été portés à l'écran (« la Délicatesse », « les Souvenirs », « le Mystère Henri Pick »), tandis que « Charlotte » a obtenu le prix Renaudot et le Goncourt des lycéens en 2014, nous précipite dans la douleur de Mathilde, quittée du jour au lendemain après des années de vie commune et en pleine préparation du mariage. Le mal est consommé mais pas terminé pour autant, puisque, ayant perdu son travail dans la foulée, elle est recueillie par sa sœur Agathe, mariée et mère d’une petite fille. « Deux sœurs » (4) concentre la tragédie sur cette période où Mathilde, dévastée, doit composer avec le bonheur du couple et de la famille, tout ce qu’elle aurait dû avoir et qui jour après jour, minute après minute, la renvoient à son propre échec. Au risque de vouloir tout détruire.
Impossible désintoxication
De son côté, Nicolas Rey revient, dans « Lettres à Joséphine » (5), sur une rupture ancienne puisqu'il l’avait déjà annoncée et dénoncée dans son précédent roman « Dos au mur ». La vilaine mais toujours adorée est bien entendu Joséphine, qu'il tente de reconquérir en lui envoyant une flopée de lettres dans lesquelles il revit leur histoire d’amour. Il s’agit moins d’un échange épistolaire, puisque la destinataire ne répond pas, que d’une série de SOS lancés à tous vents. Quelle que soit la véracité de ses affres – on sait qu’il n’a pas toujours été fiable –, Nicolas Rey donne ici un roman pur et dur sur le chagrin d’amour et l’impossible désintoxication.
(1) Grasset, 110 p. 13 € (2) Presses de la Cité, 477 p., 21,90 € (3) Grasset, 366 p., 20,90 € (4) Gallimard, 173 p., 17 € (5) Au diable vauvert, 191 p., 18 €
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