« BILLY BUDD » a été en 2010 une production mémorable du festival de Glyndebourne. Signée par Michael Grandage et dirigée par Mark Elder, elle montre l’univers claustrophobiant du navire de guerre où se noue le drame imaginé par Hermann Melville, à qui Britten a donné ses plus belles pages de musique marine. Jacques Imbrailo y débutait dans le rôle-titre, qu’il chante maintenant partout.
Il s’agit théâtralement d’un des spectacles les plus soignés des dernières saisons de ce festival qui semble revenir à des productions moins « mode » et pouvant donc faire plus d’usage au cours des saisons, comme le récent « Meistersinger » confié à David McVicar. Grandage, homme de théâtre, a créé un espace très fermé pour évoquer le HMS « Indomitable », où le drame peut se jouer idéalement de façon moins diluée que dans les grands dispositifs à plusieurs niveaux qui mettent en scène les ponts du navire. Sa direction d’acteurs est parfaite et il disposait d’une distribution de chanteurs au physique très crédible.
Dans les trois rôles principaux, de formidables interprètes : John Mark Ainsley, Captain Vere digne de ses grands aînés, Jacques Imbrailo, un Billy Budd à la beauté moins insolente que de plus récents interprètes mais avec l’allure et le charisme du marin pur et innocent, et Phillip Ens, Claggart moins noir et d’un seul bloc qu’on ne le représente habituellement, plus nuancé dans sa perversité. Le moindre petit rôle (le novice de Ben Johnson), la moindre silhouette sont particulièrement soignés.
La direction de Marc Elder à la tête du somptueux London Philharmonic Orchestra est parfaite, équilibrée, respectueuse du chant et le chœur jeune et superlatif. Après les films londoniens historiques de Britten avec Peter Pears et Peter Glossop (Decca) ou la version plus récente de l’English National Opera avec Philip Langridge et Thomas Allen (ArtHaus), c’est désormais une référence obligée que ce « Billy Budd » que Glyndebourne ajoutait pour la première fois à son répertoire, riche d’opéras de Britten.
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