TOURISME - En Vénétie, sur les rives de l’Adige

Vérone au balcon

Publié le 25/10/2012
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AU CREUX d’une large boucle de l’Adige, Vérone révèle le rose de ses tours et de ses remparts comme posée sur l’agreste paysage de ses collines plantées de cyprès. « Il n’existe aucun monde au-delà des murs de Vérone » : gravé sur une plaque à l’entrée de la piazza Brà, ce vers orgueilleux, extrait de « Roméo et Juliette », donne la mesure de la légende shakespearienne qui imprègne la ville. Via Capello, sous le célèbre balcon de la maison supposée de Juliette, les amoureux du monde entier défilent chaque jour pour inscrire leur nom sur la façade de briques et caresser le sein droit de la statue de bronze de la tragique héroïne de Shakespeare.

Au-delà de la poignante légende des amants tragiques, le présent de Vérone se déroule dans un foisonnement de vestiges du passé. Important site romain dès le Ier siècle, puis ville florissante du Moyen Âge et de la Renaissance, Vérone apparaît comme un véritable musée à ciel ouvert. Bien que plus modeste que le Colisée de Rome, l’amphithéâtre romain deux fois millénaire de la piazza Brà, au centre de la vieille ville, reste l’un des mieux conservés d’Italie. Chaque été, les « arenas » se transforment en une immense scène d’art lyrique en plein air, avec le célèbre festival d’opéra, qui affiche Puccini, Verdi, Bizet et Gounod.

Despotes éclairés.

Sur les bords de l’Adige, l’imposante masse du Castelvecchio rappelle le souvenir des Scaliger, la puissante dynastie qui régna sur Vérone du XIIIe au XIVe siècles. Engagés dans l’interminable et sanglant conflit entre les Guelfes, partisans de la papauté, et les Gibelins, qui soutenaient l’empire romain germanique, les Scaliger, seigneurs gibelins, réussirent sans trop regarder sur les moyens à apporter finalement paix et prospérité à la cité déchirée par ses luttes intestines. Despotes éclairés, ils accueillirent à leur cour poètes, artistes et gens de lettres. Dante, qui résida dans la ville de 1301 à 1304, dédia même à Cangrande Ier le troisième chant de sa « Divine Comédie ». Les principaux monuments la cité portent tous la marque de l’illustre famille.

Construit par Cangrande II, le Castelvecchio, l’ancienne forteresse, avec son pont fortifié au-dessus de l’Adige, a subi bien des transformations sous les dominations successives des Visconti de Venise, des Français et des Autrichiens. Aujourd’hui musée, il abrite d’une des plus belles galeries d’art de la Vénétie, notamment de superbes collections de peintres, du Quatrocento au Settencento (Pisanello, Jacopo, Carpaccio, Giovanni Bellini, Véronèse et le Tintoret)

À un jet de pierre de la piazza Brà et des arènes, entourées d’édifice néoclassiques comme le palais Barbieri, siège de la mairie, l’ancien site du forum romain abrite la belle et émouvante piazza delle Erbe, centre de la vie sociale véronaise. Depuis l’Antiquité, on vient là pour s’approvisionner en fruits et légumes exposés sur des étals abrités par des parasols. Autour de la fontaine érigée en 1368 et surmontée d’une antique statue de déesse romaine, on peut admirer quelques-uns des plus beaux monuments de la ville, comme le palais Maffei(1668), avec sa loggia décorée de statues et de divinités païennes, la tour carrée en brique de Cardello(1370) et la maison Mazzanti, à la façade ornée de fresques mythiques du XVIe siècle.Détruite par les Jacobins, la colonne du XVIe, surmontée du lion de Venise, a été remplaçée après le départ des Français.

En franchissant le monumental couloir de la porta Bombardia, on retrouve les Scaliger sur la piazza dei Signori. Ce « salon » de Vérone impressionne par l’élégance et l’harmonie de ses monuments Renaissance. En son centre trône la statue de Dante, face au magnifique palais où il résida. De l’autre côté, la splendide loggia du Conseil (1476-1493) étale une grâce et une préciosité presque toscanes, avec ses tons chauds aux couleurs vénitiennes et les statues ornant sa corniche de Catulle, Vitruve et Pline l’Ancien, tous natifs de Vérone. Jouxtant la place, la petite église romaine Santa Maria Antica servait jadis de chapelle à la famille Scaliger. C’est là que se dressent orgueilleusement les tombeaux des anciens maîtres de Vérone. En 1728, lors de son passage dans la ville, Montesquieu soulignait l’aspect « d’un vrai gothique et du plus barbare » de ses mausolées bardés de fer.

Non loin de là, on retrouve douceur et harmonie avec la belle église San’Anastasia, la plus grande de Vénitie, ornée de remarquables fresques comme le « Saint Georges délivrant la Princesse ». Ou encore l’église de San Ferro Maggiore, avec son abside splendide et son clocher dominant l’Adige, offrant une vue imprenable sur la ville.

JACQUES CHAMBAZ
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Source : Le Quotidien du Médecin: 9181