DANS LES ANNÉES 1970, les amateurs éclairés couraient à Zurich voir le cycle que le jeune Nikolaus Harnoncourt consacrait aux trois opéras de Monteverdi, avant de faire de même pour les opéras de jeunesse de Mozart, en collaboration avec Jean-Pierre Ponnelle au sommet de sa gloire. Ces merveilles sont parues rapidement, filmées par Unitel, et ont eu les honneurs de tous les supports vidéo (2 DVD Deutsche Grammophon Unitel). Dans « le Couronnement », le couple Poppée Néron est incarné par deux chanteurs à la plastique et au jeu incendiaires, Rachel Yakar et Eric Tappy. Si on ajoute que Sénèque était l’immense basse Matti Salminen, Octavie Trudeliese Schmitt et Otton Paul Esswood, on donnera certainement envie de découvrir cette version irrésistible magnifiée par les décors de Pet Halmen. Une autre version plus récente, filmée au festival d’Aix en 2000 réunissait une distribution intéressante (Mireille Delunsch, Anne Sofie Von Otter, Denis Sedov), dans une mise en scène esthétisante de Klaus Michael Grüber, mais sous la direction très tiède de Marc Minkowski (1 DVD Bel Air Classiques).
Et voici que deux nouvelles versions paraissent en même temps. La première a été enregistrée au Teatro Real de Madrid en 2010 par Les Arts Florissants sous la direction de William Christie (1 DVD Virgin Classics). Celui-ci avait eu la main heureuse en choisissant Pier Luigi Pizzi comme metteur en scène pour sa trilogie Monteverdi. Cependant, ce « Couronnement » compliqué, laid, est le moins réussi. Vocalement, Philippe Jaroussky et Danielle de Niese ne manquent ni d’allure, ni de sex-appeal, mais ce sont de petites voix, on attend davantage. Cela dit, on ne peut que fondre au duo final, car ce qu’ils font avec William Christie au clavecin est proprement inouï.
Une des nouveautés les plus excitantes de l’année restera certainement la réalisation tout à fait libre de style de cet opéra tel que l’a présenté en 2010 l’Opéra national de Norvège (1 DVD EuroArts). Adapté et filmé d’après un spectacle d’Ole Anders Tandberg, enfant terrible de la mise en scène à Oslo, ce « Couronnement » est d’une cruauté et d’une vérité incroyables. On n’est pas loin d’Haneke et, si cela baigne un peu trop dans le sang et autres humeurs, le mélange de couleurs au noir et blanc, la direction des personnages, les ralentis, l’adaptation musicale qui en est faite par Alessandro De Marchi, sont irrésistibles. Sans être superlative, l’interprétation est excellente, avec Birgitte Christiensen et Jacek Laszczkowski dans les rôles principaux.
Enfin, les passionnés rechercheront sur les sites Internet des versions plus anciennes et hors commerce. Principalement, pour la superbe et sculpturale Poppée d’Ana Catarina Antonacci, le « Couronnement » filmé en 1996 au Colon de Buenos Aires. Pour l’histoire et la recherche de ce que de grands chanteurs d’opéra pouvaient réaliser avant la mode du retour aux sources de la musique ancienne, celui filmé pour la télévision au festival d’Aix-en-Provence en 1961, avec Jane Rhodes, Robert Massart et Teresa Berganza, une leçon de chant. Et pour se remettre dans l’oreille le fabuleux pari que fit Rolf Libermann en confiant l’opéra à Jon Vickers, Gwyneth Jones, Nicolai Giaurov et Christa Ludwig en 1978 à l’Opéra de Paris, sa retransmission télévisée, pas toujours excellente d’image, mais quel document !
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