« Ready Player One », « la Tête à l'envers »

Vie virtuelle et vie réelle

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Publié le 29/03/2018
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Cinéma-La Tête à l'envers

Cinéma-La Tête à l'envers
Crédit photo : WEGA FILMS

Cinéma1-Ready Player One

Cinéma1-Ready Player One
Crédit photo : JAAP BUITENDIJK

Steven Spielberg a dû bien s'amuser en adaptant « Ready Player One », le best-seller d'Ernest Cline, qui dit s'être lui-même beaucoup inspiré, pour ce premier roman publié en 2011, des films du cinéaste. Adolescent dans les années 1980, Cline se souvient avec émotion des premiers jeux vidéo, particulièrement « Adventure », créé en 1979 sur console Atari, qui joue un rôle non négligeable dans l'histoire.

Nous sommes en 2045 et le monde réel étant de moins en moins vivable, les habitants se réfugient le plus souvent dans un monde virtuel appelé Oasis, où tout est possible pour leur avatar. Un joueur pourra même hériter du pouvoir et de la fortune d'un milliardaire, s'il résiste à trois épreuves très complexes en triomphant de nombreux et méchants adversaires.

Pour qui n'est plus adolescent et n'apprécie plus au premier degré les poursuites, combats et autres séquences d'action, aussi spectaculaires soient-elles, le plaisir réside dans les dizaines de clins d'œil (easter eggs, pour les informaticiens facétieux), de références à la pop culture, particulièrement au cinéma. On reconnaîtra au passage King-Kong, le Géant de fer, le Joker, le tyrannosaure de « Jurassic Park », la DeLorean de « Retour vers le futur », la poupée Chuckie, l'hôtel et les jumelles de « Shining », entre bien d'autres.

Sinon, rien de très original dans l'univers visuel de science-fiction créé par Spielberg et on peut préférer le pan plus « sérieux » de son œuvre, comme tout récemment « Pentagon Papers ». Mais, même dans ce cas, son plaisir de raconter des histoires en images reste communicatif.

Humour noir à l'autrichienne

Acteur (on l'a vu récemment dans « Stefan Zweig, Adieu l'Europe »), Josef Hader est très connu en Autriche pour ses one-man-shows. Avec « la Tête à l'envers », il se lance dans la réalisation, pour une satire de la classe moyenne supérieure, la sienne. II imagine ainsi pour le critique musical réputé qu'il incarne des difficultés qui vont le déstabiliser complètement. On n'en dévoilera rien pour ne pas gâcher le plaisir du spectateur, trimballé comme son héros de montagnes russes (au célèbre Prater) en vraies montagnes enneigées à souhait (Hader a toujours rêvé d'une scène dans la neige comme dans « Tirez sur le pianiste », de Truffaut). L'humour est noir, parfois intello à la Woody Allen, quelquefois un peu lourd, toujours savoureux. À voir.

Et aussi

Parmi les nombreuses autres sorties de la semaine, on relèvera deux films français. « Le Collier rouge » est adapté par Jean Becker du roman éponyme de Jean-Christophe Rufin : en 1919, un paysan héros de la guerre (Nicolas Duvauchelle) est en accusation, face à un juge militaire aristocrate (François Cluzet). « Madame Hyde » est une variation signée Serge Bozon à partir du héros de Stevenson, Isabelle Huppert étant à son affaire en prof en échec (Madame Gequil) qui va se métamorphoser.

Et aussi le franco-belge « Carnivores », première réalisation des frères comédiens Jérémie et Yannick Renier, un thriller psychologique qui met en scène deux sœurs actrices (Leïla Bekhti et Zita Hanrot), rivales dans les castings. « Marie Madeleine », de l'Australien Garth Davis, donne le premier rôle à la Magadaléenne des Évangiles, incarnée par Rooney Mara, aux côtés de Joaquin Phoenix (Jésus) et Tahar Rahim (Judas).

« Croc-Blanc », d'Alexandre Espigares, est la 8e adaptation du célèbre roman de Jack London, la première en animation, témoignant des ambitions et du savoir-faire français en la matière : filmées en scope et pour nombre de scènes en motion capture, les aventures du chien-loup séduiront autant les adultes que les jeunes (pas avant 6-7 ans). « Blue », documentaire Disneynature, plonge dans les océans au plus près d'un dauphin et de sa mère, d'une baleine à bosses et de son petit, de requins, de mérous…, et veut s'adresser à un large public (il n'y a pas d'images cruelles).

Renée Carton

Source : Le Quotidien du médecin: 9652