Maladies chroniques

Viser l’activité physique au long cours…

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Publié le 07/05/2018
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Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

Manger cinq fruits et légumes par jour et bouger… Ce message des pouvoirs publics à l’attention de la population mérite de faire mouche et ce dès le plus jeune âge. L’inactivité physique, le tabac, l’alcool et l’alimentation inadaptée sont quatre facteurs de risque modifiables qui s’ils sont combattus, peuvent en prévention primaire, éviter la survenue de maladies chroniques.

En 2011, une figure d’un article de l’Annual Review of Public Health (1) illustrant les bénéfices de l’activité physique a marqué les esprits. Reprise en 2012 dans le Lancet (2) et issue des données du Physical Activity Guidelines Advisory Committee Report 2008 de l’US Department of Health and Human Services (3), elle montre que le risque relatif de mortalité toute cause aux USA décroît avec l’augmentation du nombre d’heure d’activité physique modérée à intense par semaine. Elle pointe aussi le rapport inverse entre le risque relatif de survenue de diverses maladies chroniques (dépression, démence, diabète, fracture, maladies cardiovasculaires, cancer du sein et du colon) et le nombre d’heures d’activité physique modérée à intense par semaine. « Ce rapport inverse entre incidence des maladies chroniques et pratique régulière d’une activité physique modérée à intense représente un argument fort pour s’attaquer à la sédentarité, un facteur de risque modifiable des maladies chroniques », estime le Dr Christelle Nguyen.

En prévention secondaire, l’expertise INSERM « activité physique et maladie chronique » a passé en revue la littérature sur l’effet de l’activité physique dans diverses pathologies chroniques (ostéoarticulaires, cardiovasculaires, cancéreuses, diabète, dépression, BPCO…). « Il en ressort un niveau de preuve incontestable d’une efficacité de l’activité physique sur des critères spécifiques de ces maladies si l’activité physique est adaptée. Mais l’efficacité ne perdure que si l’activité physique est pérennisée ! L’enjeu actuel est donc de trouver les moyens d’engager chaque patient atteint de maladie chronique dans une pratique autonome et pérenne d’activité physique à visée thérapeutique », explique la spécialiste.

Éduquer et motiver

Tous les patients atteints d’une maladie chronique n’ont pas conscience que l’activité physique peut faire partie des traitements. Tous ne sont pas sensibilisés à la pratique d’une activité physique. Certains éprouvent des difficultés en particulier au début, à intégrer qu’une activité physique puisse les aider, notamment dans les pathologies ostéoarticulaires où bouger fait mal. « Éduquons la population. Même dans ces pathologies douloureuses, mobiliser et muscler, améliore la condition physique. Dans la gonarthrose par exemple, le patient appréhende de marcher… Mais plus il marchera, plus il sera amélioré ! », rappelle le De Nguyen. La prescription doit être réaliste et adaptée au patient. Un contrat progressif motive à s’engager dans une activité physique et limite le découragement. « Savoir que l’on peut progresser, rassure. En augmentant progressivement l’intensité on atteindra lentement mais sûrement le niveau capable de produire un bénéfice, par exemple remodeler le ventricule gauche en post-infarctus ». Reste à savoir quelles ressources le patient pourra mobiliser au long cours. Le parcours de soins l’y aide peu aujourd’hui.

(1) Powell KE. et al., Physical activity for health : What kind ? How much ? How intense ? On top of what ? Annu Rev Public Health 2011;32:349-65 
(2) Kahn KM et al., Lancet 2012; 380: 59-64
(3) https://health.gov/paguidelines/Report/pdf/CommitteeReport.pdf

Dr Sophie Parienté

Source : Le Quotidien du médecin: 9663