Tout commence après la deuxième guerre mondiale avec l’église Notre-Dame-de-Toute-Grâce sur le plateau d’Assy, face au Mont-Blanc, construite à l’initiative du chanoine Jean Devémy pour les malades des sanatoriums. Elle est la première à s’ouvrir à l’art contemporain avec Braque, Chagall, Matisse…, et les vitraux de Rouault.
C'est le fruit de l'amitié entre le chanoine et le père dominicain Marie-Alain Couturier. Ce dernier avait participé aux Ateliers d’art sacré lancés par Maurice Denis et Georges Desvallières, dont les membres suivaient un enseignement artistique et théologique. Il trouvait cependant qu’il valait « mieux des artistes sans la foi que des artistes sans talent » et il est à l’origine du renouveau de l’art sacré en France.
À Metz, à la fin des années 1950, des vitraux abstraits sont pour la première fois installés dans une cathédrale. Jacques Villon, Roger Bissière et Chagall collaborent avec l’atelier de Charles Marq et Brigitte Simon, une dynastie de maîtres verriers depuis 1640. Suivront les vitraux des sept sacrements de Jean Bazaine à Saint-Sulpice à Paris, « conçus non comme un décor mais comme un moyen de faire apparaître le non-visible ». Ceux de la cathédrale de Nevers, avec Raoul Ubac, Claude Viallat, Jean Michel Alberola, Gottfried Honegger, François Rouan. Un projet d’ampleur peu homogène, très soutenu par le président Mitterrand.
Raynaud réalise pour l’abbaye cistercienne de Noirlac, dans le Berry, les premiers vitraux abstraits, des lignes sur un verre opalescent. À Conques, Soulages recherche la modulation de la lumière pour mettre en valeur l’architecture de l’abbaye et travaille avec le laboratoire de recherche de Saint-Gobain, alors qu’au prieuré de Salagon, dans les Hautes-Alpes, Aurélie Nemours choisit un rouge flamboyant pour voisiner avec les fresques médiévales.
Le maître verrier accompagne la création de l’artiste. À partir de son dessin, il établit une maquette avec les plombures, puis découpe des motifs. Se pose alors la question du choix du verre et l’assemblage se fait en lien avec la lumière, avant la coupe. Le verre est alors peint, gravé, décoré à l’émail (pour les vitraux du père dominicain Kim En Joong avec l’atelier Charles, au monastère de Ganagobie, en Haute-Provence), avant d’être serti dans le plomb et posé dans l’église.
Venu de plus haut
Les Ateliers Duchemin, créés à la fin des années 1950, innovent à la cathédrale de Digne, en se libérant du sertissage et en incluant un verre soufflé, comme suspendu, dans les vitraux de David Rabinowitch. Avec Sarkis à l’abbaye de Silvacane, à la Roque-d'Anthéron, un double verre retient les empreintes digitales de l’artiste imprégnées de jaune d’argent. Pour l’Américain Robert Morris, dans l’ancienne cathédrale de Maguelone, située sur un îlot près de Montpellier, les Ateliers réalisent par thermoformage l’onde de choc d’un caillou dans l’eau.
La vitrailliste Marguerite Huré, au cours de sa collaboration avec l’architecte Auguste Perret à Notre-Dame du Raincy et Saint-Joseph au Havre, innove, elle aussi, avec sa brique creuse de verre dont seul le plan extérieur est coloré. Des ambiances colorées varient au rythme du jour et des saisons.
« Tout est venu d’ailleurs, de plus haut que moi », confie Matisse au père Couturier en 1950, alors qu’il réalise les vitraux de la chapelle de Vence. Pour lui, quelle que soit la religion, il n’y a qu’un seul Dieu.
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