Aux Pays-Bas, à l'approche de Pâques, on ne compte plus les représentations des « Passions » de J. S. Bach. La salle historique du Concertgebouw d'Amsterdam en accueille plusieurs interprétations.
Peut-on rêver salle de concert plus civilisée que cette merveille du XIXe siècle, dont le bois et la forme en boîte à chaussures garantissent une acoustique après laquelle les acousticiens du monde entier continuent de courir ? L'accueil y est unique. À l'entracte les boissons sont offertes et en période de Pâques on vous offre même des chocolats. À trois heures de Paris, on se croirait sur une autre planète.
Une des « Passion selon Saint Matthieu » de cette fin de Carême était dirigée par Ivor Bolton à la tête du RCO. Concert admirable, mais concert seulement ! On a tellement entendu cette œuvre par de petits ensembles, dans des lieux plus restreints et moins adaptés au concert, mais où la proximité avec le public la rendait plus théâtrale. C'est donc à une « Passion » plutôt dédramatisée que l'on a assisté, savourant tour à tour les arias, chorals, interventions de l'Évangéliste, l'excellent ténor anglais James Gilchrist, le seul un peu animé, mais en restant très à distance de la dimension passionnelle de l'œuvre.
Christopher Maltman, qui assurait les airs de basse et la partie du Christ, dominait aisément une distribution dans laquelle figuraient nombre de chanteurs venus de l'univers baroque, ce qui crée toujours un déséquilibre gênant. Avec un tel orchestre, le chef britannique Ivor Bolton jouait sur du velours et sa direction, plutôt lente sans être pompeuse, magnifiait l’œuvre comme une superbe pièce de concert.
Un film à voir
Pour quelle raison le premier orchestre des Pays-Bas est-il labellisé « royal » ? Parce qu’il est centenaire, nous dit-on. Mais son excellence mérite assurément cette couronne, qui, dans ce royaume unique, le rattache au cœur même de ses sujets. Le RCO, qui est l'un des trois meilleurs orchestres d’Europe, a célébré en 2013 son 125e anniversaire et effectué une tournée mondiale de grand prestige avec force solistes, sous la direction de Marris Jansons, son avant-dernier chef (ils n’ont été que sept en 127 ans). Le film « Royal Orchestra », réalisé par la documentariste péruvienne Heddy Honigmann, rend compte de cet événement avec une originalité qui dépasse ce qui a jamais été fait. Il vient de sortir en France.
Minutieusement préparé, le film, qui se concentre sur quatre étapes de la tournée (Buenos Aires, Soweto, Pretoria et Saint-Pétersbourg), invite des spectateurs privilégiés à raconter leur rapport à la musique, quelques musiciens choisis à partager une fraction de leur quotidien et mieux encore à faire partager leur enthousiasme pour leur profession.
Il y a bien sûr beaucoup de musique, et de l‘excellente, dans cette fascinante heure et demie, mais les moments les plus émouvants ne sont pas toujours ceux que l’on attendrait. Il montre ce que les spectateurs gâtés que nous sommes oublions trop volontiers, ce que la musique à un tel niveau d’excellence, de professionnalisme et d’humanité peut apporter dans des lieux où elle n’existe pas ou bien sous une autre forme. La confrontation est salutaire et explosive !
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