Pour la diplomatie française, le sommet environnemental des Nations unies, puis son Assemblée générale, ont constitué une occasion unique de faire valoir la supériorité du dialogue sur le règlement des différends par la force militaire. Un Donald Trump penaud et secoué par l"attaque contre les installations pétrolières saoudiennes (à quoi il n'a trouvé aucune riposte), est venu deux fois après avoir juré qu'il boycotterait l'ONU. Les services de rensignements français ont établi de manière indiscutable le rôle de l'Iran dans l'attaque, mais le président américain a compris qu'un raid aérien contre l'Iran ne ferait qu'embraser la planète. Emmanuel Macron a alors tout fait pour que son homologue américain prenne langue avec la délégation iranienne à New York. À l'heure où paraissent ces lignes, on ignorait si les efforts du Français avaient une chance d'aboutir, mais M. Macron a réitéré sa détermination à multiplier les interventions pour rapprocher Américains et Iraniens.
Bien que l'égérie de la jeunesse mondiale en quête d"avenir, Greta Thunberg, ait prononcé un discours, ou plutôt une algarade à l'adresse des chefs d'État, (« Comment osez-vous ? » pratiquer une politique environnementale aussi laxiste) M. Macron, loin d'abonder dans le sens de la jeune fille, a suggré au jeunes du monde de contribuer au nettoyage des déchets au lieu de manifester tous les vendredis. Il aurait pu également souligner, s'il n'avait pas été dérangé par les propos de Mlle Thunberg, que la France a adopté un plan sérieux de lutte contre l'efffet de serre, de même que l'Allemagne ; et que Antonio Guterres, secrétaire général de l'ONU, Angela Merkel, chancelière allemande et lui-même forment maintenant un trio de choc qui se dressera sur le chemin des Bolsonaro, Trump et autres eurosceptiques qui continuent à nier le danger du réchauffement climatique.
Le contexte a encore changé
La chance diplomatique de M. Macron ne vient pas que son entregent, sa vivacité et son dynamisme. Les régimes populistes sont déjà sur le déclin, en Italie, aux États-Unis, en Italie. Ils ont administré la preuve de leur incompétence et de leur incapacité à répondre aux besoins de leurs peuples. Certes, il ne s"agit que d'un mouvement lent qui n'empêche pas les démocrates allemands d'enregistrer des défaites électorales. Macron lui-même est engagé dans une épreuve de force. Il doit se battre contre une partie du peuple français vouée au chaos et à la fin du régime politique actuel. On lui reproche d'avoir choisi un adversaire unique, le Rassemblement national alors que la carte géopolitique du pays montre parfaitement que, comme par le passé, comme en 2002, année où Jean-Marie Le Pen est arrivé au second tour de la présidentielle, il est très probable que le second tour de 2022 ressemble beaucoup à celui de 2017.
C'est peut-être une réalité accablante, il est possible que celui réduise le débat démocratique à sa plus simple expression, mais la faute à qui, sinon à la volonté populaire et, surtout, à l'impéritie des autres forces politiques, PS, LFI et LR à qui il ne reste plus que leurs yeux pour pleurer. Seuls les Verts estiment, depuis leur succès relatif aux élections européennes, qu'ils peuvent casser le binôme. On verra mais, pour le moment, Yannick Jadot n'a pas soulevé des foules en sa faveur. Les Verts ne sont pas plus déchirés que les autres partis et, pour les municipales, la République en marche a commis un nombre de fautes tactiques et stratégiques incalculables. Ce qui n'empêchera pas Macron qui a dit lui-même à Time magazine qu'il se voyait « dans la vallée de la mort ». Il vaut mieux, effectivement que le président reste réaliste.