Mais des zones d'ombre dans certaines disciplines chez les Néerlandais

Publié le 13/01/2020
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Loin de la vision idyllique proposée par le BMJ, les soignants néerlandais sont, eux aussi, parfois en souffrance. Afra Kwak, une psychologue, s’est spécialisée dans le soin aux soignants : « même si l‘organisation des soins peut sembler facilitée, il n’en reste pas moins que les soignants doivent faire face à la difficulté de prendre en charge des patients quotidiennement, à des remises en questions de leur orientation, à des bouleversements familiaux… Bref aux Pays-Bas aussi des soignants sont en burn-out ».

Ce serait notamment le cas chez certains spécialistes. Le « Quotidien » en a rencontré plusieurs. Arne, pédopsychiatre de Rotterdam, explique : « la réorganisation de la prise en charge psychiatrique dans le pays m’a obligé à changer trois fois d’hôpital en moins de cinq ans. J’ai perdu le suivi de jeunes patients auprès de qui je m’étais particulièrement impliqué. Le troisième changement de lieu d’exercice a créé une telle souffrance que j’ai dû mettre ma carrière en retrait pendant 9 mois. Aujourd’hui, je ne veux plus être chef de service, à la merci des restructurations que vivent désormais tous les spécialistes dans le pays ».

Pour Patrice, interniste spécialisé dans le VIH et installé à Amsterdam depuis les années 1990, « du jour au lendemain, il a été décidé qu’en l’absence de complications les patients VIH ne devaient plus voir leur interniste qu’une fois par an. Comment expliquer à des personnes que je suivais depuis des années que le lien allait se rompre ? Pour continuer nos consultations régulières, certains n’hésitent pas à mentir à leur généraliste et à inventer des complications de leur traitement pour venir me voir ».

Ralf, dermatologue, ajoute : « parfois : il me semble que les décideurs ont sciemment choisi de donner la part belle aux généralistes aux détriments des spécialistes. Cette évolution s’est faite à un moment où les rémunérations des spécialistes privés étaient telles que la population entière s’est liguée contre eux. Aujourd’hui, les écarts d’honoraires sont moindres ».

Afra Kwak : http://bfitcoaching.nl

Dr I.C.

Source : Le Quotidien du médecin