Le ministre de la Santé est intervenu il y a quelques jours de cela lors d’un congrès réunissant les acteurs exerçant dans les maisons de santé pluriprofessionnelle (MSP) à Saint-Malo.
Cette information a été relayée par le Quotidien du Médecin le 17 mars 2023. Comme il a été souligné dans la revue destinée aux professionnels de santé, l’importante augmentation du nombre des MSP montre un réel engouement des professionnels de santé pour un travail en équipe.
D’ailleurs le directeur de la Cnam (ces temps-ci il est sur tous les fronts) a bien montré que leur nombre a presque doublé entre 2019 et 2022, un succès pour ce type de pratique, ce qui le satisfait pleinement.
M. Braun s’est également félicité d’un tel résultat qui met en avant l’importance de l’ancrage de ces structures au sein d’un territoire avec comme chef d’orchestre : le médecin traitant.
C’est très amusant que ce membre de l’exécutif (le directeur de la Cnam a également loué l’action des médecins traitants en expliquant qu’il ne fallait pas les déstabiliser) prononce le terme de médecin traitant qui doit quelque peu lui écorcher la bouche, car l’importance de ce professionnel de santé dans le système de soins français a été quelque peu « négligée » depuis de nombreuses mandatures.
Il est vrai qu’il est important pour le ministre de recoller les morceaux.
Cette « destruction » fait suite à l’échec cuisant de la convention.
Aussi quoi de plus facile de caresser les libéraux dans le sens du poil pour montrer leur utilité, cela même si elle est feinte.
Au-delà de cette satisfaction (il y a toujours une idée derrière la tête de ces énarques) vis-à-vis du développement exponentiel des MSP, les politiques souhaitent avant tout donner une impulsion pour que les patients puissent être pris en charge dans des zones pas nécessairement excédentaires.
Des inconvénients à court, moyen ou long termes ?
Aussi pour permettre à ces structures d’être efficaces et attractives les pouvoirs publics interviennent financièrement (souvent cette manne est non négligeable).
Cependant cette pratique au sein des MSP pour les généralistes, n’a-t-elle pas des inconvénients à court, moyen ou long termes ?
Certains aspects négatifs sont régulièrement développés par des médecins :
- problèmes liés à une entente qui peut être parfois difficile avec certains paramédicaux qui veulent avant tout être des chefs d’orchestre, cela alors qu’ils n’en ont pas les compétences ;
- être financé par les pouvoirs publics, cela veut dire que l’on est contraint à certaines obligations de travail (travail le samedi matin notamment, avoir également des actions préventives), ce qui dénature grandement le terme de libéral. D’ailleurs M. Braun dans son allocution n’oublie pas de souligner les crédits importants (90 millions d’euros) alloués aux MSP, ce qui de manière subliminale a pour but de montrer sa volonté d’obéir à des règles établies par les pouvoirs publics ;
- problème des crédits alloués par les ARS et autres structures départementales ou régionales, et qui ne sont pas nécessairement en adéquation avec les charges importantes générées par ces structures. Combien de MSP ont des problèmes de trésorerie ?
Néanmoins certains confrères apprécient ce genre de pratique qui évite l’isolement, et permet également de déléguer certains actes à d’autres paramédicaux (cas des infirmières IPA), mais aussi favorise plus facilement les signatures de contrats avec des assistants médicaux qui sont rémunérés au prorata de l’activité par les CPAM.
Nous voyons que les MSP ont des avantages et des inconvénients (il est difficile de les énumérer en totalité).
Aussi est-il nécessaire de pondérer quelque peu le satisfecit des pouvoirs publics qui souhaitent avant tout permettre aux citoyens d’avoir un accès aux soins (c’est de ce fait une opportunité pour certains maires ou députés de se faire réélire).
Quant aux médecins qui sont les chevilles ouvrières de ces structures, ils ne sont pas de véritables valeurs primordiales qui doivent être préservées ; juste un appoint pour permettre aux MSP de pouvoir fonctionner.
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