Médecin de famille ayant exercé 35 ans en milieu rural, retraité actif depuis deux ans en régulation libérale, je suis outré par le contenu de votre dossier « Que reste-t-il à l’examen pelvien ? » (n° 3011). Il y est décrit les situations où un examen gynécologique serait, ou pas, recommandé. Je cauchemarde…
Un professeur, sûrement respectable y affirme que l’examen systématique « ne sert à rien ». Je m’insurge contre cette assertion selon laquelle seule la situation pathologique justifierait l’examen. À partir de quand parle-t-on de pathologie ? Dès l’instant où le patient entre dans la salle de consultation, on est dans le pathologique. Et seul l’examen clinique, exhaustif, permet au praticien de construire son raisonnement.
Pour avoir découvert l’existence d’une cloison vaginale lors d’un simple toucher vaginal, ou d’un kyste ovarien de 500 gr, asymptomatique, lors du toucher vaginal suivant un frottis cervico-vaginal, je considère l’examen systématique utile. Que va-t-on apprendre à nos futurs praticiens ? Pas de TV, pas de TR, pas de palpation des seins, pas de palpation abdominale… ? Par quelle déviance en arrive-t-on à ces recommandations qui tiennent lieu de postures insupportables ?
Le praticien doit pouvoir effectuer les gestes, quels qu’ils soient, en conscience, qu’il estime nécessaires à sa réflexion et aux soins bien conduits : à lui, effectivement, de savoir proposer, expliquer, faciliter, voire accepter un éventuel refus en passant la main. Mais, que diable, ne laissons pas aux autres l’âme de notre métier !
Je peux comprendre les évidentes réticences des patientes, voire des patients, quand il s’agit d’effectuer des touchers pelviens, mais ils sont consubstantiels de notre métier. Alors, d’accord pour en parler, mais je suis farouchement opposé à des recommandations minimalistes qui aggraveront encore la descente aux enfers de notre spécialité.
Par ailleurs, je ne détaillerai pas ce que je pense de l’interdiction des fresques des salles de garde. Les délires de nos élus n’ont pas de limites !
Dr Philippe Neff, Boult-sur-Suippe (Marne)
C’est vous qui le dites
« Majorer les tarifs dans les déserts ? Il faut arrêter avec ces carottes »
Éditorial
Alerte aux déficits !
Débat
Faut-il réguler l’installation des seuls médecins en secteur 2 ?
Enquête flash : les médecins prêts à la grève pour la liberté d’installation