Pour « Ouverture », la première présentation de sa collection, riche de 10 000 œuvres de 587 artistes, François Pinault met en avant sa démarche de collectionneur, avec aussi bien de jeunes talents que des artistes confirmés, pour évoquer « les contradictions et les complexités de la condition humaine et du monde qui nous entoure ». Au minimalisme et à l’abstraction, Rothko, Carl André, mais aussi Jeff Koons et Damien Hirst, dont sa collection comporte des œuvres phares, il a préféré la figure humaine, avec des artistes qu’il accompagne depuis longtemps.
N’ayant pu s‘installer sur l’île Seguin en 2005, le milliardaire est parti à Venise, au Palazzo Grassi et à la Punta della Dogana, deux lieux artistiques désormais incontournables dans la cité lacustre. La Bourse de Commerce lui ayant été proposée par la Mairie de Paris, il s’installe au cœur de la ville, entre le Louvre et le Centre Pompidou. La Halle aux blés circulaire du XVIIe siècle était devenue la Bourse de Commerce, inaugurée en 1889 à l’occasion de l’Exposition universelle. Les peintures de sa coupole évoquent l’histoire mondiale du commerce, une vision universelle que l’on retrouve avec les artistes exposés. L’architecte japonais Tadao Ando, dans une approche épurée, en a magnifié le volume.
Dès l’entrée, un dialogue s’établit avec le temps. La réplique grandeur nature en cire de Urs Fischer de « l’Enlèvement des Sabines », sculpture de Giambologna à Florence, évoque la présence de Catherine de Médicis, dont il ne reste du palais, tout près de là, qu’une colonne. Bertrand Lavier a installé des objets contemporains dans les 24 vitrines historiques de la Bourse. Les chaises de Tatiana Trouvé, dispersées dans tout l’espace, témoignent de notre manière d’habiter le monde. De même « la Fête sur la plage » de Martial Raysse, avec ses déchets plastiques. Les photos de Michel Journiac et Cindy Sherman questionnent la place des femmes dans la société, tout comme celles de Richard Prince sur la masculinité.
Le choix de la figure humaine permet le dialogue de plusieurs générations d’artistes en termes de genre, de culture, d’histoire, avec quelques grands artistes de la collection, Marlene Dumas, Luc Tuymans, Peter Doig, Thomas Schutte, Martin Kippenberger. Si Kerry James Marshall, artiste afro-américain, place ses figures noires dans l’histoire de l’art et le quotidien de la culture populaire, David Hammons en interroge la mémoire collective de manière très radicale, utilisant des objets de rebus pour dénoncer le racisme et donner une visibilité aux opprimés. Un tel ensemble est présenté pour la première fois en Europe.
« Ouverture », cette première présentation de la collection, est ainsi le regard des artistes sur la diversité du monde dans une recherche constante de questionner ses nouvelles problématiques culturelles, sociales, artistiques. Une ouverture sur notre quotidien.
Bourse de Commerce-Pinault Collection, pinaultcollection.com/fr/boursedecommerce