Pourquoi les pouvoirs publics nous détestent-ils ? 

Publié le 20/02/2020
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Le corps médical en proie à un malaise depuis de nombreux mois ? Non, depuis plusieurs décennies. Cela fait quarante ans que nous sommes désignés du doigt par l'État, la Sécurité Sociale et même pas mal de patients. Le déficit (?) de la Sécurité sociale est de notre faute, donc numerus clausus et MICA pour diminuer le nombre d'actifs. On voit en ce moment le formidable résultat de ces mesures... Les déserts médicaux ? C'est nous : nous ne voulons pas, soi-disant, nous installer là où il faut.

En réalité ce sont les gouvernements successifs qui ont organisé la pénurie de médecins, et nous pouvons toujours attendre qu'ils le reconnaissent. Et n'oublions pas les persécutions avec amendes à la clé de l'assurance maladie, les visites « confraternelles » de sa part pour nous indiquer le droit chemin, les courriers cherchant à nous culpabiliser, etc.. etc.. Rappelons nous aussi les insultes classiques : vivants aux crochets de la Sécurité Sociale, ayant des revenus bien trop importants (?), intéressés seulement par l'argent, corporatistes, incompétents etc.. etc..

Boucs émissaires, certainement. Et notons bien une chose : les pouvoirs publics nous détestent. Entre autres raisons parce que les hommes politiques, lorsqu'ils sont malades, sont obligés de passer par nous et donc ne peuvent pas éviter de voir la réalité en face : dans une telle situation ils n'ont plus aucun pouvoir, et ça, ils n'aiment pas.

Leur mépris se voit de façon concrète : la consultation à 25 euros est tout simplement une insulte et ce n'est pas mieux pour les salaires des médecins salariés. La ministre de la santé s'offusque des salaires des médecins intérimaires ? Elle ne manque pas d'air : si les médecins avaient été traités correctement cela ne serait pas arrivé.

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Dr François Picot

Source : Le Quotidien du médecin