Rassemblés à l'occasion d'un débat sur le sauvetage en mer, les sénateurs ont exprimé leur déception face aux mesures annoncées par le gouvernement en faveur de la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM).
Le secrétaire d’État chargé des Transports, Jean‑Baptiste Djebbari, y a rappelé les mesures annoncées par l'État lors du comité interministériel du 9 décembre dernier : porter à 10,5 millions par an (hors taxes affectées), lancement d'un plan d’action partenarial « appui à la consolidation de l’avenir de la SNSM 2020-2022 » et attribution de la qualité de pupille de la nation aux enfants de sauveteurs en mer qui ont péri en opération.
Pour Corinne Féret (sénatrice du Calvados, Parti socialiste) et Didier Mandelli (Vendée, Les Républicains), respectivement présidente et rapporteur d'une mission sur le sujet, « le compte n'y est pas ». Ils regrettent qu'aucune des 30 mesures de leur rapport d'octobre dernier n'aient été prises en compte.
Un sauvetage efficace et peu coûteux
Le coût global du sauvetage en mer en France peut être estimé à 160 millions d’euros par an environ, dont 55 % pris en charge par l’État, 14 % par des moyens privés mobilisés à leur frais (par les CROSS au nom de l’obligation de secours aux personnes en détresse en mer), et 31 % (soit 44 millions) par la SNSM. Le budget de la SNSM est majoritairement financé par des dons et legs qui ont connu, globalement une forte hausse ces dernières années, malgré « une forte variabilité » qui inquiète les sénateurs, au moment ou l'association a signé, en octobre dernier, un contrat de 50 millions sur 10 ans pour renouveler sa flotte.
En face de ce budget, la SNSM voit augmenter son nombre d'interventions. Le dernier rapport d’activité de l'association indique qu’en 2018, l'activité opérationnelle de ses 8 456 bénévoles, dont 4 862 dédiés au sauvetage dans les stations, a augmenté ces dernières années : avec 35 399 personnes prises en charge, dont 10 538 secourues, 23 384 soignées et 1 477 enfants retrouvés après s’être égarés. Ces chiffres représentent une croissance de 9 % des personnes secourues par rapport à 2017 mais une stabilisation par rapport au « pic » de 2016.
Les sénateurs soulignent toutefois la hausse de 20 %, par rapport à 2016, du nombre de personnes prises en charge par les sauveteurs embarqués. Ces dernières interventions étant celles qui nécessitent le plus de moyens. Le rapport indique aussi un allongement de la durée moyenne des interventions. Rapporté à son budget, ce nombre d'intervention fait de la France « la championne du monde du rapport qualité prix du sauvetage en mer », notent les auteurs.
Remettre à plat le fonctionnement
Dans leurs rapports, les sénateurs préconisent de conforter les bénévoles dans leurs missions et faciliter leur vie quotidienne, et une remise à plat du financement et de la transparence au sein de l'association. Ils estiment notamment que l'ensemble des usagers de la mer doivent participer au financement du sauvetage.
Enfin, les rapporteurs consacrent une partie importante de leurs recommandations au rétablissement du lien entre les bénévoles et le siège, via une organisation plus démocratique, le remplacement de la nomination des délégués départementaux et des présidents de stations par l'élection et la clarification de la doctrine de l'État en matière de sauvetage en mer.
Ces questions relatives au fonctionnement de la SNSM n'ont pas été abordées par les services de l'État. « Il est urgent de démocratiser le fonctionnement de la SNSM et de mieux répartir les rôles entre le siège et les stations, insiste Didier Mandelli. En tant qu’association reconnue d’utilité publique, la SNSM se doit d’être exemplaire dans son fonctionnement et au soutien des bénévoles qui sauvent quotidiennement des vies au péril de la leur. »