« Je me demandais tous les jours dans quel arbre j’allais me mettre pour que tout s’arrête », se remémore la Dr Candice Delbet-Dupas, 42 ans, chirurgienne maxillo-faciale à l’hôpital de Vichy et présidente des Bazars de la santé. Victime de deux burn-out, la médecin n’aurait jamais ralenti la cadence si deux de ses collègues n’étaient pas intervenus. « Je travaillais de plus en plus, je ne mangeais plus, je ne dormais plus et je pleurais tout le temps en dehors du travail, mais je ne remarquais pas la détresse dans laquelle je me trouvais », confie-t-elle.
« 4 000 consultations à l’année, 30 patients par demi-journée, et plus d’un an de délai d’attente pour une consultation », tel était le rythme de la seule chirurgienne maxillo-faciale du CH. Cette cadence infernale lui vaut en prime un souci de santé qu’elle n’a pas souhaité faire reconnaître comme lié à son activité : des problèmes ostéotendineux. Ces problèmes de santé qui s’accroissent avec la surcharge de travail l’obligent à travailler à mi-temps. « Je ne pourrai jamais reprendre mon parcours de chirurgienne à temps plein justement en raison des problèmes ostéotendineux et de toute cette charge mentale », explique-t-elle.
Ce projet était dans ma tête depuis 10 ans. Je sentais qu'il y avait quelque chose à faire autour des acteurs de santé qui constituent une population extrêmement vulnérable…
Un projet de grande envergure
L’idée des Bazars de la Santé naît de l’envie que ses confrères ne se retrouvent pas confronté à la même situation… Cette association accueille tous les acteurs de santé en « prévention primaire de la santé physique, sociale et mentale ». C’est un véritable centre de ressources destiné aux professionnels de santé. « Ce projet était dans ma tête depuis 10 ans. Je sentais qu'il y avait quelque chose à faire autour des acteurs de santé qui constituent une population extrêmement vulnérable », explique la Dr Candice Delbet-Dupas.
La praticienne aimerait offrir à ses confrères des clés pour mieux gérer leur quotidien et leur permettre d’anticiper les situations similaire à celles qu’elle a vécues. « Nous sommes une population plus à risques, à la fois en santé mentale que physique ou sociale. Le but du centre est de regrouper toutes les ressources nécessaires et possibles pour améliorer ces trois facteurs. L’idée, dit-elle, c’est : « Venez prendre ce dont vous avez besoin. D’où le nom de bazar, comme une boîte à aides et à ressources. »
Des professionnels mobilisés auprès de leurs confrères
La première phase expérimentale, menée dans son établissement sur une durée de six mois, a permis d’aider 500 personnes, soit un quart des 2 000 soignants présents. Le succès est significatif, et une chaîne YouTube a même été lancée. Mais le projet du centre des bazars de la santé est encore en cours.
Pour l’heure, des missions d’animation sur le thème de l’épuisement professionnel sont organisées dans les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS). Des congrès et des écoles, comme les Instituts de formation en soins infirmiers (IFSI), invitent aussi régulièrement l’initiatrice du projet Les Bazars de la santé.
En 2023, elle achète les locaux pour mettre à exécution son idée. Pour le moment, 140 professionnels de santé (médecins, pharmaciens, sages-femmes, podologues, kinésithérapeutes, vétérinaires…) sont mobilisés pour cette cause, en attendant que le centre de ressources ouvre ses portes. L’objectif de toute l’équipe est de proposer des activités six jours sur sept : ateliers individuels et collectifs, et formation aux compétences psychosociales. « Nous avons les murs, reste à trouver les fonds. »
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