La dernière conjoncture démographique de l’Institut national d’études démographiques (Ined), publiée le 16 décembre fait apparaître les spécificités françaises par rapport à ses voisins européens. Si la population française est en moyenne plus jeune, elle vieillit plus vite que dans les 27 pays de l’Union européenne. Surtout, la mortalité cardiovasculaire y apparaît plus faible qu’ailleurs en Europe, « en particulier pour les maladies ischémiques du cœur ».
En 2021, la mortalité par maladie cardiovasculaire s’élevait à 358 pour 100 000 habitants dans l’UE 27 pour les deux sexes, contre 189 pour 100 000 en France métropolitaine, les Drom ayant été exclus de l’analyse en raison du manque de « données fiables » sur les causes de décès sur la période considérée. L’écart de mortalité cardiovasculaire entre la France et ses voisins est plus marqué chez les femmes. Dans le pays comme ailleurs en Europe, est observé « un ralentissement des progrès dans le contrôle de ces maladies, peut-être lié à l’augmentation de certains facteurs de risque comme le diabète et l’obésité », explique l'étude.
Un recul de la mortalité par cancer, sauf dans le cancer du poumon chez les femmes
En France, la première cause de mortalité reste le cancer. C’est le cas depuis 1990 pour les hommes et depuis 2000 pour les femmes. Le taux de mortalité est proche de la moyenne européenne (341 contre 334 pour 100 000 pour les hommes en 2021, 198 contre 200 pour 100 000 pour les femmes) et tend, comme ailleurs, à diminuer. Le recul de la mortalité par cancer est néanmoins deux fois moins rapide que pour la mortalité par maladie cardiovasculaire, est-il relevé. Ce reflux ne concerne pas le cancer du poumon chez les femmes, en raison principalement du tabagisme : la proportion de fumeurs a diminué chez les hommes depuis les années 1970, tandis qu'elle a augmenté chez les femmes jusque dans les années 2010.
Concernant les morts violentes (accidents de la circulation, suicides, homicides), la France apparaît dans une situation « défavorable », surtout pour les hommes. Pour la mortalité due à d'autres maladies (hors cancers, maladies cardiovasculaires et morts violentes), la France se situe en revanche sous la moyenne européenne.
Une mortalité infantile alarmante
Autre élément distinctif de la France par rapport à ses voisins, la mortalité apparaît relativement basse aux âges plus élevés, surtout pour les femmes. Au-delà de 65 ans, « l’avantage français est très marqué », lit-on. Mais le pays se place dans la moitié des pays ayant la mortalité la plus élevée avant 65 ans et se révèle « particulièrement mal placé » pour la mortalité infantile (23e rang sur 27). L’écart de mortalité entre hommes et femmes est plus élevé en France, mais continue de baisser : la surmortalité des hommes diminue à tous les âges, « malgré le maintien de deux pics à 20-24 ans et à 60-64 ans », lit-on.
Par ailleurs, si le nombre de décès annuels recule depuis 3 ans, il reste supérieur au niveau observé avant la pandémie de Covid (2019), « du fait du vieillissement de la population ». Comme dans la plupart des pays européens, les progrès concernant l’espérance de vie ralentissent : alors que les gains de durée de vie s’élevaient entre 1999 et 2009 à 4,2 ans pour les hommes (2,8 ans en France) et 3,5 ans pour les femmes (1,9 an en France), ils ne sont entre 2009 et 2019 que de 2 ans pour les hommes (même chiffre en France) et 1,2 an pour les femmes (1,1 an en France). Au plus fort de l’épidémie de Covid, de 2019 à 2022, la perte dans l’UE27 a été de 0,8 an pour les hommes (0,4 an en France) et 1,0 an pour les femmes (0,4 an en France).
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