Sur Twitter ou Facebook, partisans et pourfendeurs de l'homéopathie s'affrontent depuis des mois. Mais depuis quelques semaines, les défenseurs (notamment industriels) de l'homéopathie investissent Instagram, célèbre réseau social basé sur la photographie et les vidéos.
Comme sur Twitter, c'est le hashtag #MonHoméomonchoix qui est utilisé. Ce mot-clé avait été lancé (et aussitôt détourné) début avril dans le cadre d'une campagne de mobilisation de 18 acteurs en faveur de l'homéopathie – industriels, syndicats professionnels, sociétés savantes – en même temps qu'un site et une pétition (signée plus de 300 000 fois) contre le déremboursement éventuel de l'homéopathie.
Influenceuses gratifiées
A ce jour, quelque 150 posts font mention de #MonHoméomonchoix sur Instagram.
Certains sont issus des comptes professionnels des laboratoires Boiron ou Weleda, d'autres de comptes d'utilisateurs ordinaires du réseau social. Plus original, une dizaine de posts émanent d'« influenceuses », qui drainent parfois plusieurs centaines de milliers d'abonnés, et qui sont rémunérées pour ce type de contenu – comme le prouvent les mentions « ad », « sponsorisé » ou « en collaboration ».
Ces relais d'opinion sont souvent de jeunes mères de famille, qui mettent en scène leur enfant sur les photos liées aux textes publiés. « Quand j’étais petite, ma maman me dégainait souvent des petits tubes d’homéopathie pour toutes sortes de maux. (...) Depuis que je suis devenue maman, j’ai pris le même réflexe pour les bobos, pour mieux accompagner les mauvais effets des vaccins, pour le stress… », explique cette mère de deux petites filles… Avant d'appeler ses abonnés à signer la pétition contre le déremboursement de l’homéopathie.
« Depuis toute petite, ma maman a toujours soigné mes petits maux avec de l’homéopathie. C’est donc tout naturellement que j’ai fait la même chose avec Romy. Poussées dentaires, petits bobos… D’ailleurs, j’ai signé une pétition car l’Etat envisage de ne plus rembourser l’homéopathie. Et vous, vous l’utilisez ? Trouvez-vous cela juste que ce ne soit plus remboursé ? », interroge cette autre jeune femme, récoltant plus de 8 000 likes.
Publicité autorisée
Face à cette offensive, plusieurs internautes se sont émus du fait que ces publications soient sponsorisées alors que le débat fait rage sur l'efficacité scientifique des granules. « L'homéopathie est un allié de confort et non pas un médicament, une angine bactérienne ne saurait être traitée avec du sucre. Vous êtes blogueuse, en aucun cas spécialiste santé et je trouve honteux de faire de votre métier un étendard pour un laboratoire pharmaceutique. Ce n'est pas votre rôle et au-delà de la désinformation, c'est dangereux ! Honte à vous de vous être vendue de la sorte ! », s'indigne cette utilisatrice d'Instagram.
Selon le pure player Numerama, qui vient de publier une enquête sur ce sujet, la directrice des relations professionnelles chez Boiron a confirmé que les entreprises du médicament homéopathique mentionnées sur le site Monhoméomonchoix (Boiron, Weleda, Lehning) cofinancent les campagnes d’annonces associées au site comme les partenariats avec les blogueuses Instagram.
L'avis de la Haute Autorité de santé (HAS) sur le bien-fondé du remboursement de l'homéopathie est attendu fin juin. Agnès Buzyn, ministre de la Santé, a souligné dans nos colonnes qu'elle prendrait la décision de dérembourser les produits homéopathiques « s’il s’avère qu’ils ne sont pas efficaces » car « ce n’est pas à la solidarité nationale de payer pour des thérapies sans effets scientifiquement prouvés ».
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