Le gouvernement s'est voulu ferme mardi 23 novembre face aux violences qui se poursuivent en Guadeloupe malgré les renforts de police, tout en jouant l'apaisement avec une « instance de dialogue » visant à répondre à la crise sociale liée à l'obligation vaccinale anti-Covid.
La Guadeloupe, où un tiers de la population vit sous le seuil de la pauvreté (Insee) avec un fort taux de chômage (19 %), est secouée depuis plusieurs jours par un mouvement ayant pour origine la contestation de l'obligation vaccinale des soignants. Mouvement qui a dégénéré en crise sociale émaillée de nombreuses violences avec barricades, pillages et incendies.
Une utilisation politique de la santé
« La situation est toujours très difficile », a déclaré sur France Inter mardi le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin. « Ce qui est certain, c'est que le rétablissement de l'ordre public est le préalable à toute discussion évidemment », a-t-il tonné, indiquant que des gendarmes avaient été la cible de tirs à balles réelles.
Pour lui, « si on acceptait la revendication d'une minorité violente et agissante qui consiste à dire "pas de vaccination en Guadeloupe", on accepterait de facto que la population guadeloupéenne soit moins bien protégée contre une maladie que le reste de la population ».
Selon Sébastien Lecornu, le ministre des Outre-mers, les violences sont le fait de « personnes qui sont malheureusement déjà défavorablement connues des services de police ou de la justice, qui se servent de cette crise pour s'exprimer dans la violence ».
« On voit bien qu'on n'est pas sur une question sanitaire et sociale », a-t-il assuré sur France 2. La veille, le président Emmanuel Macron avait dénoncé ceux qui utilisent « la santé des Françaises et des Français pour mener des combats politiques ».
« Instance de dialogue »
Pour sortir de l'impasse, le Premier ministre Jean Castex a annoncé lundi la création d'une « instance de dialogue » afin de « convaincre et d'accompagner individuellement, humainement », les professionnels concernés par l'obligation vaccinale, à l'issue d'une réunion avec des élus. Les syndicats à l'origine de la mobilisation ont eux déploré ne pas être associés à l’initiative.
Avec les soignants, « on est aussi sur un dialogue social entre l'employeur, le ministère de la Santé et des Solidarités, et ses employés pour trouver les solutions », ainsi « on s'est engagé hier soir à trouver d'autres types de vaccins » pour les personnes qui refusent ceux à ARN messager, a expliqué Sébastien Lecornu. Les vaccins disponibles jusqu'ici en Guadeloupe étaient « essentiellement des vaccins Pfizer », a précisé le ministère des Outre-mers.
La tension monte en Martinique aussi
« Pour ceux qui refusent de se faire vacciner et préfèrent abandonner leur qualité de soignants et demandent d'ores et déjà une reconversion professionnelle, on va les accompagner, et là, on va avoir besoin du Conseil régional, donc Ary Chalus (président du conseil régional de Guadeloupe, ndlr) va être mobilisé sur ces sujets », a-t-il ajouté. Selon lui, 87 % des soignants et 43 % des pompiers sont vaccinés.
En ce qui concerne les pompiers, « une mission du ministère de l'Intérieur sera à pied d'œuvre sur place (mardi) pour examiner avec eux les voies et moyens pour permettre les conditions de déploiement de l'obligation vaccinale et discuter aussi des sujets propres au fonctionnement du service départemental d'incendie et de secours de Guadeloupe », a également annoncé lundi le chef du gouvernement.
L'exécutif veut d'autant plus calmer la situation que la tension monte également en Martinique voisine où un appel à la grève générale lancé par 17 organisations syndicales aux revendications variées, dont la fin de l'obligation vaccinale pour les soignants, a conduit lundi à des blocages qui ont paralysé une bonne partie de l'activité économique.
(Avec AFP)
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