Le remaniement du gouvernement est imminent et devrait intervenir avant le conseil des ministres de mercredi prochain. Les grandes manœuvres ont démarré ce vendredi avec la nomination par Emmanuel Macron de Jean Castex, 55 ans, au poste de Premier ministre. Le maire LR de Prades, qui avait assuré la fonction de « M. déconfinement », il y a quelques semaines, succède à Édouard Philippe à Matignon et aura la lourde tâche d'amorcer un virage dans la politique du chef de l'État pour la fin de son quinquennat.
Homme de droite qualifié de « gaulliste social », Jean Castex représente « un choix macronien, conforme à l'esprit de dépassement porté par le président depuis trois ans », a confié l'Élysée à l'AFP.
Cette nomination intervient après des élections municipales qui ont représenté un sérieux camouflet pour la majorité présidentielle, et ont été marquées par une forte abstention (58,4 %) dans les quelque 5 000 communes où se déroulaient un second tour mais aussi une impressionnante vague verte.
Deux connaissances des médecins
Le monde de la santé voit en tout cas deux acteurs qui connaissent relativement bien leur secteur faire leur entrée à Matignon. Ex-collaborateur de Nicolas Sarkozy à l'Élysée, Jean Castex a été de 2005 à 2006 directeur de l’hospitalisation et de l’organisation des soins au ministère de la Santé. II fut ensuite pendant deux ans directeur de cabinet de Xavier Bertrand au ministère de la Santé (il le suivit au ministère du Travail).
Jean Castex a choisi pour occuper son poste de directeur de cabinet de nommer Nicolas Revel. Connu et apprécié des représentants des médecins libéraux, l'actuel directeur de la Caisse nationale d'Assurance maladie, qui occupait ce poste depuis fin 2014, est un proche d'Emmanuel Macron qui avait tenté, en vain, de l'imposer à Édouard Philippe à son arrivée à Matignon.
Ces nominations augurent-elles un virage dans les orientations du gouvernement en matière de politique de santé ? C'est ce que pense le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF : « La priorité de la deuxième partie du quinquennat Macron sera la santé », affirme-t-il sans détours. « Selon moi, ce choix va dans le bon sens car Jean Castex comme Nicolas Revel connaissent bien la santé et la médecine libérale. Castex est un homme de dossiers qui va au fond des choses et Nicolas Revel est un homme de dialogue qui recherche le consensus et qui a tout de même réussi le tour de force de faire signer la convention par les 5 syndicats de médecins libéraux représentatifs. »
Un choix politique
Fin connaisseur du secteur, le Dr Claude Pigement, ex-M. santé du Parti socialiste estime que « le choix du nouveau Premier ministre est avant tout politique » : « Jean Castex est de droite, il a certes été le M. déconfinement mais il connaît très bien les collectivités territoriales et les partenaires sociaux, ça joue », commente le Dr Pigement.
« La santé est devenue un des sujets les plus importants avec l'emploi et l'environnement, ajoute l'expert socialiste. La nomination de Jean Castex est important, à un moment où se joue l'avenir du Ségur de la Santé. »
Le nouveau gouvernement devra « mettre en œuvre la nouvelle étape du quinquennat, le projet de reconstruction sociale, économique, environnementale et locale dont le président a exposé les grandes orientations lors de son allocution du 14 juin et qui s'est précisée au cours du cycle de consultations approfondies conduit au cours des dernières semaines », a souligné l'Élysée.
Hasard du calendrier, la nomination du nouveau Premier ministre intervient au moment où l'Élysée annonce que les cérémonies du 14 juillet rendront hommage aux personnels soignants et aux acteurs mobilisés dans la lutte contre le Covid-19.
Avec AFP
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