Les attentats du 13 novembre 2015 permettront-ils de faire avancer la science ? C'est en tout cas le pari du programme de recherche transdisciplinaire 13/11. Une nouvelle moisson de résultats est publiée dans la revue Science du 14 février 2020. Cette étude renouvelle la compréhension du mode de survenue du trouble de stress post-traumatique (TSPT). Pourquoi des patients exposés au même événement développent-ils le syndrome et d'autres pas ? Auparavant les travaux étaient ciblés sur la mémoire du choc traumatique et son éventuel dysfonctionnement, « à la manière d'un vinyle rayé rejouant en boucle les mêmes fragments de souvenir ». Les structures anatomiques en cause ont été localisées au niveau de l'hippocampe qui joue un rôle clé dans la formation de la mémoire. Ici, l'équipe de recherche dans le projet Remember s'est attelée à déceler des facteurs de protection et des marqueurs associés à la résilience. Résultat principal, la résurgence d'images et pensées intrusives serait provoquée par un dysfonctionnement des mécanismes de contrôle situés dans le cortex frontal. Le protocole expérimental mis en place dans l'étude et qui repose notamment sur l'imagerie (IRM cérébrale) conforte cette hypothèse. En effet, chez les participants qui ne présentent pas de TSPT, il n'est pas retrouvé de lacunes dans les dispositifs de contrôle. En revanche, en cas de TSPT, des failles ont été mises en évidence.
Les impacts à ce jour de cette recherche sont d'abord scientifiques. Dans la persistance du souvenir traumatique seraient impliquées non seulement la mémoire mais aussi une perturbation des mécanismes de contrôle de la mémoire.
Les applications thérapeutiques sont encore lointaines. Toutefois, à ce stade, de nouvelles pistes de prise en charge doivent être envisagées. En effet, les thérapies comportementales ou cognitives actuellement utilisées visent à l'extinction de la représentation traumatique. Quant à la psychanalyse, elle agit sur le refoulement. Ces techniques tendent à faire revivre au patient l'évènement traumatisant, et ensuite à contribuer à la prise de conscience qu'il appartient au passé. À l'avenir, les thérapeutiques qui reposeraient sur l'optimisation des mécanismes de contrôle seraient déconnectées de l'évènement traumatique. Les mécanismes de suppression seraient en revanche stimulés avec « l'objectif de remettre dans le passé le présent traumatique ».
En attendant, ces travaux de recherche laissent en suspens de nombreuses questions. Par exemple les difficultés de contrôle sont-elles survenues après le traumatisme ou étaient-elles décelables avant l'évènement ? Pour autant, ils témoignent de la fertilisation croisée entre sciences dures et sciences humaines autour de la trace imprimée par un choc comme les attentats terroristes. « Il est impossible de comprendre ce qu'est la mémoire collective sans prendre en compte la dynamique cérébrale révélée par l'imagerie et vice-versa », explique Denis Peschanski, historien, l'un des promoteurs à l'origine de ce programme. Le recueil des résultats est loin d'être achevé. Les travaux sont programmés en effet jusqu'en 2028.
Dérives sectaires : une hausse préoccupante dans le secteur de la santé
Protection de l’enfance : Catherine Vautrin affiche ses ambitions pour une « nouvelle impulsion »
Dr Joëlle Belaïsch-Allart : « S’il faut respecter le non-désir d’enfant, le renoncement à la parentalité doit interpeller »
Visite médicale d’aptitude à la conduite : le permis à vie de nouveau sur la sellette