Le remaniement ministériel surprise intervenu ce week-end, après l'affaire de la sextape de l'ex-candidat LREM à la mairie de Paris Benjamin Griveaux, n'a bien évidemment pas laissé de marbre les syndicats de médecins généralistes.
La plupart regrettent le départ précipité d'Agnès Buzyn, et cela même alors qu'elle avait réaffirmé vendredi, au micro de France Inter, son intention de rester à son poste pour gérer l'épidémie de coronavirus et les nombreux dossiers en cours (retraite, crise de l'hôpital, accès aux soins…). « Paris vaut bien une messe mais était-ce le moment de quitter le navire au milieu du gué ? », s'interroge le Dr Jean-Paul Hamon, président de la FMF, selon qui le bilan de l'ex-ministre de la Santé est bien « mince ». « La désertification continue de s'étendre », observe le généraliste de Clamart, qui retient tout de même la récente promesse de permettre d’ici quatre mois la « dispensation en ville du midazolam injectable aux médecins qui prennent en charge des patients en fin de vie à leur domicile ».
« On a vu passer beaucoup de ministres… »
L'Union française pour une médecine libre (UFML-S) déplore également qu'Agnès Buzyn ait privilégié « l'intérêt d’un parti à celui de la nation » en acceptant d'être candidate à la mairie de Paris. « Un(e) capitaine ne quitte pas le bateau dans la tempête ! », clame son président le Dr Jérôme Marty, qui dénonce un « mépris majeur pour la fonction et au final pour l’ensemble des patients ».
La valse des ministres fait partie du jeu politique. « On a vu passer beaucoup de ministres ces 20 dernières années et on fera avec comme on l'a toujours fait, observe le Dr Luc Duquesnel, président des Généralistes-CSMF, selon qui la transition devrait être brève. Nous connaissons bien Olivier Véran avec qui nous avons déjà travaillé et qui maîtrise ses dossiers », ajoute le syndicaliste.
Le fait que le nouveau ministre soit comme Agnès Buzyn un médecin hospitalier n'est pour l'instant pas vécu comme un handicap pour les syndicats qui entendent privilégier le dialogue. Le Dr Duquesnel met cependant en garde : « Ce serait une grande erreur de considérer qu'il n'y a que le monde hospitalier en souffrance. » Le généraliste attend des arbitrages favorables sur le futur service d'accès aux soins qui devra associer les médecins libéraux, et l'application des tarifs de la permanence des soins pour le travail du samedi matin.
Le nouveau ministre attendu sur la réforme des retraites
Le SML salue l’arrivée d’Olivier Véran au ministère de la Santé et estime que son « passé syndical à l’ISNI constitue un atout pour faciliter le dialogue avec les syndicats médicaux représentatifs ». « En 2017, pendant la campagne des élections présidentielles, il fut le véritable artisan de la reprise de contact entre la majorité et les médecins libéraux, ajoute l'organisation du Dr Philippe Vermesch, qui entend rappeler au nouveau ministre les engagements pris à l'époque.
« La médecine libérale est loin d’être sortie de la crise », ajoute le syndicat, selon lequel les moyens n’ont été alloués, pour l’essentiel, qu’aux CPTS et pas aux soins ni aux actes. Sur le dossier de la réforme des retraites, le SML rappelle que « le compte n’y est pas ». « La baisse de la cotisation entraînera une baisse de la pension dans des proportions telles que même l’instauration d’un régime supplémentaire n’y suffira pas ».
Afin d'améliorer l'organisation des soins, le Dr Jacques Battistoni, président de MG France, réclame à nouveau la revalorisation de la visite à domicile. Selon lui, des négociations conventionnelles s'imposent également pour donner aux médecins généralistes les moyens d'intervenir dans le cadre du futur service d'accès aux soins et d'éviter des « solutions locales artisanales » ou la dérégulation de la médecine avec des projets santé hors-sol comme celui d'Amazon.
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