Les candidats de la République en marche ont pris un peu de retard car les autres partis sont en campagne depuis plusieurs semaines. Ce qui est l'occasion de reconnaître que la tête de liste des Républicains (LR), François-Xavier Bellamy, très discuté quand il a été nommé à cette fonction, est un homme affable et cultivé, qui enseigne la philosophie. Il a fait du bon travail, faisant gagner à sa liste trois ou quatre points dans les sondages. Sous ses dehors aimables, son discours a une pointe acérée qui n'épargne guère ses rivaux de la REM. Il représente une bonne alternative à Laurent Wauquiez, chef de LR, peu enclin aux déclarations nuancées, mais pour autant, M. Bellamy, qui n'est « pas personnellement favorable » à l'IVG, n'hésite jamais à critiquer sévèrement le pouvoir.
La campagne sera sous tension parce que les partis en comprennent l'enjeu, ce qui va nous conduire sans doute à des débats mémorables, en dépit de l'indifférence de l'opinion pour la représentation française à Strasbourg. Les forces politiques se sont un peu regroupées à la faveur d'un rapprochement entre « Place publique », de Raphaël Glucksmann, et le PS d'Olivier Faure, qui a supris beaucoup d'observateurs, mais qui donne une chance supplémentarire à la gauche. Autrement, le départ de la course se fait dans le désordre. Les écologistes sont divisés que l'on retrouve chez EELV, sous la houlette de Yannick Jadot, chez la REM avec Pascal Campan et Pascal Durand, et chez Glucksmann. D'aucuns ont reproché à M. Jadot de courir en solitaire, mais il tient à défendre une écologie pure. Il y tient tellement qu'il a radicalisé son discours. Lundi dernier, il se déclarait « sidéré » de ce que le président de la République eût fait un remaniement ministériel avec des technocrates qui ne comprennent rien à la vie réelle, à la fracture sociale, aux inégalités. Si vous voulez discréditer un adversaire, n'hésitez pas à dire qu'il est idiot. C'est une brutale attaque ad hominem, voisine de la démagogie, qui n'explique qu'une chose : on va se battre pendant cette campagne et, si la France insoumise (tête de liste, la jeune Manon Aubry) semblait aller à un pas de sénateur, vous allez voir ce que vous allez voir avec la participation de l'indescriptible Jean-Luc Mélenchon.
Tout dépend de la campagne
De la droite classique au PCF, tous récusent l'idée que les européennes sont un match au finish entre la REM et le Rassemblement national. Elles le sont pourtant depuis la victoire du Front national au même scrutin en 2014, à l'époque où la droite républicaine était opposée au parti de Mme Le Pen. Dans ce contexte, l'action de M. Bellamy et la remontée de LR dans les sondages indiquent que les Républicains prennent moins de suffrages aux macronistes qu'au RN. Mais peu importe : contrairement à ce qu'en pensent les Français, revenus de tout et intraitables sur tout, un nouveau triomphe constituerait pour le RN une nouvelle marche vers le pouvoir. Il faut d'abord que les gens aillent voter, il faut ensuite qu'ils votent pour des partis capables de faire barrage à l'extrême droite. De ce point de vue, j'aurais souhaité de plus larges regroupements. Tout dépendra de la qualité de la campagne de la REM, des résultats du grand débat, des annonces que fera Emmanuel Macron pour calmer la colère sociale (et des moyens qu'il a pour les financer). Le parti présidentiel a prouvé que les déboires auxquels il n'a cessé d'être confronté ne l'ont pas détruit de l'intérieur, ne l'ont pas lessivé.
Dans ces conditions, il n'existe qu'un seule critère de vote : l'importance que l'on accorde à la construction européenne et qui, de la gauche, de la droite, de l'extrême gauche, de l'extrême droite ou du centre, est le mieux indiqué pour la faire progresser. J'ai toujours trouvé curieux qu'une forte fraction de la population vote aux européennes pour des partis anti-européens. Certes, la large abstention à ce scrutin montre bien que les personnes hostiles à ce vote s'en écartent. Mais il serait logique d'élire des députés européens qui vont travailler pour l'Europe.
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