Ces deux-là ont un peu à se faire pardonner des médecins libéraux. Alain Juppé et François Fillon, finalistes de la primaire de droite, semblent conscients de ce handicap, si l'on en juge par leurs programmes. Le premier ayant sans doute davantage de gages à fournir de ce côté-là pour faire oublier son plan éponyme que le second, embarqué dans une réforme HPST qui, après tout, a quand même été portée par Roselyne Bachelot et avec la bénédiction du président d’alors, Nicolas Sarkozy. Néanmoins, chat échaudé craint l’eau froide. Les plateformes santé des deux candidats mettent donc un soin particulier à insister sur la méthode, misant – au-delà de la suppression du TPG- sur la concertation avec les blouses blanches et le respect des règles du jeu libéral.
Ce n’est probablement pas sur la médecine de ville, qu’il faut d’ailleurs attendre de leur part des bouleversements. Ils ont déjà donné… Les deux champions de la droite suggèrent bien l’un et l’autre de faire évoluer les règles tarifaires pour mieux les adapter à la prévention et aux parcours de soins complexes. Idem pour les incitations en zones sous-dotées sur lesquelles les deux écuries mettent l’accent. Ou sur la nécessité de placer le médecin traitant au centre. Chacun y allant pour le reste de son couplet sur la nécessité de simplifier les tâches administratives des praticiens. Sympa, mais déjà entendu…
A bien regarder les deux programmes, c’est peut-être sur l’architecture du système de soins que l’alternance pourrait réserver des surprises. Et c’est là-dessus aussi que les deux candidats encore en lice se distinguent. Sur ce terrain aussi, Juppé avance avec une prudence de sioux, face à un Fillon plus « radical ». Depuis deux ans, ce dernier avance des idées de réforme, qui sans être toutes inédites n’ont jamais été appliquées jusque-là : dogme de l’équilibre des comptes d’assurance maladie, redéfinition du Yalta sanitaire entre la Sécu et les mutuelles avec recentrage de la première sur les soins lourds, franchise annuelle de dépenses… Ce canevas - évoqué dans l'entretien que nous publions cette semaine- penche pour une régulation, a priori plutôt du côté des demandeurs de soins, qui pourrait permettre aux médecins de ville de souffler, espèrent les plus optimistes. Un tel schéma excite les uns et inquiète les autres, mais augure en tout cas de vrais changements pour notre système de santé. À condition bien sûr que le candidat s’en souvienne une fois à l’Élysée…
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