Simon Chiaroni : "Ce projet de regroupement à Saint-Ouen a été mené par la technostructure dénuée de la réalité de terrain"

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Publié le 28/09/2017
Entretien avec Simon Chiaroni, secrétaire général du syndicat CGT Hôpital Bichat, dont les syndicats CGT en coordination avec leur union syndicale Assistance publique CGT ont lancé une caravane des luttes pour informer les personnels et les usagers des restructurations en cours à l'hôpital.
visuel CGT

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Crédit photo : CGT

Pourquoi une journée de manifestation au sein de l'hôpital Bichat ce mardi 26 septembre ?

Nous lançons cette caravane des luttes afin d'alerter l’ensemble du personnel, usagers et élus de territoire sur les restructurations des hôpitaux. Cette opération sera renouvelée sur d'autres sites. Au mois de novembre, nous irons à Beaujon. D'autres établissements sont concernés par les restructurations comme Jean-Verdier dont la CME a voté le transfert des activités de maternités vers Avicenne. Ainsi, une activité de proximité est transférée de cet établissement pour la concentrer sur un seul lieu.

Quel est le scénario envisagé du futur établissement de Saint-Ouen, rapprochement des deux hôpitaux actuels ?

Le futur hôpital Nord qui devrait être inauguré en 2026 à Saint-Ouen aurait 816 lits alors que les deux hôpitaux Bichat et Baujon en ont actuellement 1 300. D'où une réduction des lits et par voie de conséquence du personnel et un hôpital au final hyperspécialisé qui ne répondra pas aux besoins  de la population répartie sur un territoire allant du Nord de Paris à Gennevilliers et une partie de la Seine Saint Denis. Etant donné la désertification médicale due au manque de généralistes, ces populations se rendent massivement aux urgences. Et pourtant l'activité des deux sites est énorme. En 2016, nous avons eu à Bichat et Beaujon plus de 120 000 passages aux services d’accueils des urgences (hausse de 9 % par rapport à 2015), rien que pour l’hôpital Bichat, plus de 82 000, ce qui en fait le premier site AP-HP pour la prise en charge des urgences lourdes. A ce jour, il n’existe pas en France, voire en Europe un établissement de soins pouvant accueillir autant de patients aux urgences.

Est-ce que cette délocalisation va changer votre public ?

Oui c'est certain. Mais surtout ce qui nous inquiète, c'est de savoir où iront les patients précaires et fragilisés, les personnes âgées. Pourrons-nous les recevoir dans le futur hôpital ? Car en dehors de la chirurgie, certaines activités n'existeront plus. Certains lits en SSR risquent de fermer. Ce projet malheureusement a été mené par la technostructure dénuée de la réalité de terrain.


Source : lequotidiendumedecin.fr