Un collectif réclame une agence gouvernementale pour structurer les médecines alternatives

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Publié le 17/03/2021

Crédit photo : SPL/PHANIE

Les médecines complémentaires et alternatives (MCA) séduisent de plus en plus les Français. Mais le spectre des MCA est large, intégrant à la fois des pratiques légalisées, — quoique certaines soient contestées — comme l’homéopathie, l’acupuncture, l’ostéopathie, la chiropraxie, et d’autres beaucoup plus controversées. Certaines médecines complémentaires ont trouvé leur place à l’hôpital public, dans les Ehpad etc, mais la prolifération et la diversité de ces pratiques thérapeutiques peut aussi parfois conduire à des dérives, comme le soulignait encore récemment le rapport de la Miviludes (mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires).

« Afin d’en assurer le développement, mais aussi de contrôler les dérives thérapeutiques », associées aux MCA, un collectif de médecins, parlementaires ou universitaires a signé une tribune dans Le Monde le week-end dernier pour réclamer la création d’une agence gouvernementale. « Le champ des MCA rassemble indistinctement des méthodes validées et sécurisées, insuffisamment éprouvées ou douteuses, voire dangereuses. L’enjeu de santé publique est donc de favoriser l’essor des pratiques bénéfiques, tout en luttant contre les dérives en santé », écrivent les signataires, parmi lesquels les Prs Julien Nizard et Gilles Berrut, le Dr Alain Toledano, le président de France Alzheimer Joël Jouaen, les députés Agnès Firmin Le Bodo (Agir) ou Olivier Farloni (PS) ou encore l’ancienne ministre Myriam El Komri.

Aiguiller entre le bon et le mauvais

Dans la tribune, ces acteurs, rappellent qu’une agence l’A-MCA a été créée justement pour « structurer ce champ ». Fondée par le sociologue Serge Guérin, la psychologue Véronique Suissa et le chirurgien Philippe Denormandie, tous trois signataires de la tribune, cette agence qui réunit experts, politiques, chercheurs, médecins etc et soutenue notamment par l’Académie de médecine, « fédère l’écosystème » sur ce sujet : « Elle vise à informer, conseiller, guider sur ces pratiques tout en développant la recherche dans le domaine. Il s’agit de consolider les connaissances sur ces pratiques, leurs effets et leur niveau d’efficacité. »
D’après les signataires, cette agence a pour double enjeu, à la fois d’organiser l’enseignement et la formation des pratiques validées et de sécuriser leur mise en œuvre sur le terrain, tout en luttant contre les dérives, sectaires notamment, qui peuvent aussi exister.

Une proposition de loi à venir

Les auteurs de la tribune insistent sur le fait que certaines médecines complémentaires peuvent avoir un intérêt en termes de « prévention, de mieux-être et de qualité de vie », mais que dans le même temps des pratiques inadaptées et l’automédication peuvent entraîner des retards de consultation notamment. « Nous rejoignons donc la position de l’Académie de médecine selon laquelle l’intégration de certaines MCA présente un intérêt si elle permet " de préciser leurs effets, de clarifier leurs indications et d’établir de bonnes règles pour leur utilisation " ».

Les signataires demandent donc la transformation de l’A-MCA en agence gouvernementale, « parce qu’il devient urgent de structurer ce champ et d’avertir nos concitoyens tant sur les indications que sur les risques de ces pratiques ». Ils prévoient de porter une proposition de loi en ce sens à l’Assemblée nationale.

Déjà à l’automne dernier, lors des discussions autour du budget de la Sécurité sociale, des députés avaient déposé des amendements similaires. Ils souhaitaient la création d’un organisme dédié à l’évaluation des médecines complémentaires et alternatives qui déciderait de leur remboursement ou non.


Source : lequotidiendumedecin.fr