[VIDEO] Le coup de gueule de Véran, excédé par la limitation de la durée de l’état d’urgence sanitaire

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Publié le 04/11/2020

Crédit photo : Capture d'écran

« C’est ça la réalité de nos hôpitaux, si vous ne voulez pas l’admettre, sortez d’ici ! Vous êtes en train de débattre de sujets alors que nos soignants se battent pour sauver des vies ! » Mardi soir, à l’Assemblée nationale, le ministre de la Santé Olivier Véran a haussé le ton.

De retour dans l’hémicycle après un déplacement dans un service de réanimation du Centre hospitalier de Corbeil-Essonnes (Essonne), le ministre rejoignait les députés qui débattaient de la prolongation de l’état d’urgence sanitaire. « Je suis rentré dans deux chambres dans ce service de réanimation. Dans la première chambre, il y avait un jeune homme de 28 ans dans le coma. Dans la deuxième chambre il y avait un homme en surpoids âgé de 35 ans », a-t-il débuté avant de s’emporter devant l’agitation des élus de l’opposition.

En effet, la majorité a été plus que chahutée mardi soir dans l’hémicycle, avec une opposition très remontée et des députés LREM trop peu nombreux, l’examen du projet de loi sur la prolongation de l’état d’urgence sanitaire s’est enlisé. Le gouvernement souhaitait une prorogation jusqu’au 16 février de ce régime d’exception qui permet de limiter drastiquement les déplacements ou de confiner la population. Car « nous sommes en situation de crise, les Français comprennent que pour agir, il faut de la visibilité », a expliqué en préambule la ministre déléguée Brigitte Bourguignon. Cette prorogation est « à la fois nécessaire, adaptée et proportionnée » à la situation sanitaire, a ajouté le rapporteur Jean-Pierre Pont (LREM).

Mais la majorité s’est retrouvée minoritaire au moment du vote et à l’aide d’amendements, les oppositions sont parvenues à faire voter une prolongation jusqu’au 14 décembre seulement.
« Les fêtes de fin d'année sont un moment privilégié » et « il convient de tout mettre en œuvre pour permettre aux Français de se retrouver en famille », a plaidé l'auteure de l'amendement adopté, Josiane Corneloup (LR), qui a poussé pour ce « point de situation avant les vacances de Noël ». D'autres groupes politiques avaient demandé une telle clause de revoyure début décembre ou bien en janvier, jugeant le 16 février trop lointain. « Personne » n'est d’accord avec cette date, a souligné Cécile Untermaier (PS). Pas question de mettre la vie démocratique « sous cloche » si longtemps, a renchéri Pascal Brindeau (UDI).

Un nouveau vote possible

Suspensions de séance et chahut ont suivi ce premier vote controversé. Un nouveau vote compliqué s'est ensuivi : un amendement de Paul Molac (Libertés et territoires) a été adopté contre l'avis du gouvernement. Il prévoit que le confinement décrété par l'exécutif à partir du 30 octobre ne puisse être renouvelé au-delà du 30 novembre qu'après accord du Parlement.
Olivier Véran a peu après demandé la « réserve des votes » sur les amendements et articles restants, ce qui remet les scrutins au moment où le gouvernement le choisira. « Je ne voudrais surtout pas que nous ayons à présenter aux Français un texte tellement déstabilisé », a justifié le ministre. Le gouvernement a le moyen de revenir sur ces deux votes avant l'adoption définitive du projet de loi, qui est prévue vendredi mais pourrait être repoussée.

Il ne l'a pas annoncé à ce stade mais pourrait demander une nouvelle délibération sur les deux amendements, ou recourir à la procédure du vote bloqué. Les échanges doivent reprendre mercredi après-midi sur la centaine d'amendements restants.

Sur les réseaux sociaux, certains professionnels de santé ont salué la sortie du ministre de la Santé, et ont jugé sa colère salutaire.

 

 (avec AFP)


Source : lequotidiendumedecin.fr