Les Français sous-estiment les risques liés à l'alcool même si une forte majorité d'entre eux est en faveur de mesures efficaces pour réduire la consommation. Telle est la conclusion d'une enquête Opinion Way réalisée par la Ligue contre le cancer.
« L'alcool est le deuxième facteur de risque de cancer », rappelle la Ligue qui souhaite interpeller la ministre des Solidarités et de la Santé. « Des années de politiques volontaristes de l'État (loi Evin, décret Bertrand, PNRT, augmentation du prix du tabac…) pour réduire le tabagisme commencent à porter leurs fruits », note la Ligue en évoquant l'annonce récente d'une baisse historique de la prévalence du tabac. À l’instar de ce qui a été fait pour le tabac, la Ligue souhaite « un vrai plan de prévention et de prise en compte de l'alcool dans la lutte contre le cancer et dans la prévention des maladies chroniques ».
« Sans plus attendre »
Elle demande « sans plus attendre » : l'interdiction totale de la publicité des produits alcoolisés, y compris sur Internet ; un étiquetage spécifique sur les risques liés à la consommation d'alcool sur tous les produits alcoolisés ; une taxation au gramme d'alcool sur les produits en contenant.
Ces mesures figurent dans l'appel lancé en avril dernier par une trentaine de médecins addictologues, les spécialistes de santé publique, les nutritionnistes, les hépatologues, les cancérologues. Les professionnels réagissaient après des semaines de polémique et l'ouverture d'une concertation sur la prévention lancée par la ministre de la Santé Agnès Buzyn et le ministre de l'Agriculture Stéphane Travert, notamment avec la filière viticole. Des mesures portées par la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA) sont attendues dans les prochains jours, avait annoncé le directeur général de la santé (DGS), le Pr Jérôme Salomon, dans un entretien accordé au « Quotidien ».
68 % des Français veulent des mesures
Les résultats de l'enquête Opinion Way réalisée entre le 23 et le 24 mai sur les connaissances des Français sur les risques liés à l'alcool et sur leurs perceptions des mesures à prendre pour en réduire la consommation soutiennent les demandes de la Ligue.
En effet, seulement 23 % des Français identifient l'alcool comme un facteur de risque important de cancer et 54 % n'ont pas le sentiment de prendre des risques en en consommant. Dans leur grande majorité, ils savent que la consommation d'alcool augmente le risque de cancer mais pensent (82 %) qu'il faut en consommer tous les jours : 53 % ne savent pas qu'une consommation même modérée augmente le risque de cancer du sein (46 % seulement l'associent au cancer du sein) ; plus d'un tiers (39 %) affirme que l'alcool est un facteur de risque confirmé uniquement pour le cancer du foie.
Concernant les mesures, une large majorité (86 %) juge que l'industrie de l'alcool est importante pour l'économie et représente un frein à une politique de santé efficace. Ils sont 77 % à estimer que les décideurs publics sont influencés par les producteurs d'alcool ; 66 % à penser que ces producteurs empêchent la mise en place d'une politique de santé efficace. Selon eux, des mesures sont nécessaires : 68 % des personnes interrogées considèrent qu’il y a trop de tolérance sur la consommation excessive d’alcool ; 58 % estiment que les pouvoirs publics n'en font pas assez pour prévenir les risques liés à la consommation d’alcool.
Les jeunes, les plus favorables
Les Français préconisent à 80 %, la mise en place d'un étiquetage spécifique, à 90 % une meilleure prévention chez les jeunes, à 70 % une interdiction totale de la publicité sur les produits alcoolisés (y compris sur Internet), à 58 %, une taxation sur les produits alcoolisés pour compenser les dépenses de santé liées à la consommation d'alcool et à 54 % une augmentation du prix de ces produits. Les plus jeunes (18-24 ans) qui sont moins conscients que les plus âgés des risques liés à l'alcool sont paradoxalement ceux qui sont le plus favorables aux mesures comme la taxation des produits (72 % vs 58 %) et l'augmentation du prix (62 % vs 54 %).
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