L’Institut national du cancer (INCa) présente des données clés sur les chiffres concernant la France en 2017 (en amont du rapport qui sera publié en juin 2018) et insiste sur deux sujets : la consommation d’alcool et le dépistage du cancer colorectal.
L’INCa estime le nombre de nouveaux cas de cancers à 400 000 en France métropolitaine en 2017, avec un taux d’incidence qui tend à baisser chez les hommes et à se stabiliser chez les femmes. Le nombre de décès par cancer (150 000 en 2017) suit la tendance à la baisse amorcée depuis 1980, le cancer du poumon chez l’homme (84 000 cas) et le cancer du sein chez la femme (66 000 cas) demeurant les plus meurtriers.
Alcool : « ce n’est pas l’abus qui est à risque, mais la consommation »
Alors même que le gouvernement vient de présenter son plan prévention (comportant des volets sur la consommation d’alcool limités aux femmes enceintes et aux jeunes qui ont fait vivement réagir les associations de lutte contre les addictions), l’INCa « rappelle que la politique de prévention relève de la responsabilité pleine et entière des pouvoirs publics ». Il souligne qu’en 2015 « près de 28 000 nouveaux cas de cancers en France étaient attribuables à la consommation d’alcool soit 8 % des nouveaux cas de cancers toutes localisations confondues », et que « l’alcool est ainsi le 2e facteur de risque de cancers évitables après le tabac. »
L’INCa précise que les modes de consommation évoluent, avec une baisse de la consommation quotidienne, une stabilisation de la consommation plusieurs fois par semaine, mais que dans le même temps, « les ivresses répétitives (au moins trois dans l’année) concernent une part grandissante de la population. »
L’INCa s’inquiète aussi d’une « importante mise à distance du risque de cancers. Les doses moyennes journalières au-delà desquelles la consommation d’alcool est jugée néfaste pour la santé sont estimées à 3,4 verres par jour. » Le rapport conclut que « ce n’est pas "l’abus d’alcool" qui est à risque mais une consommation, même faible » et recommande « de construire une politique publique cohérente sur la consommation d’alcool qui tienne compte de la prévention des dommages sanitaires et sociaux, sans pour autant nier le souci gouvernemental du développement économique des filières concernées. »
Dépistage du cancer colorectal : une participation de seulement de 28,6 %
Revenant sur l’arrivée du test immunologique dans le dépistage du cancer colorectal, l’INCa indique que celui-ci « a démontré ses bonnes performances en termes de détection de cancers et de lésions précancéreuses », permettant de détecter près de 4 300 cancers (+ 2,4 fois par rapport au test précédent) et près de 17 000 adénomes avancés (+ 3,7 fois). Il rappelle que ce cancer peut être guéri dans 9 cas sur 10 à un stade précoce, tandis que détecté à un stade avancé, le taux de survie global n’est que de 13 %.
Or, la participation au dépistage n’atteint que 28,6 %, en deçà des 45 % recommandé au niveau européen, pour un cancer qui reste le deuxième le plus meurtrier. L’INCa note que « la durée effective d’invitation et de réalisation du test n’a été que de 17 mois en moyenne par département », ce qui pourrait expliquer ces chiffres bas.
« Le gain de participation attendu du fait de la meilleure performance et de la plus grande simplicité du test, démontré dans la littérature, n‘est cependant pas atteint », ajoute l’Institut, qui « travaille sur les évolutions du programme et notamment sur la diversification des modalités de mise à disposition du test auprès de la population cible. »
L’INCa souligne que l’arrêté publié le 22 mars 2018 est une première étape. Il prévoit une extension du mode de diffusion « aux gynécologues, aux hépatogastroentérologues, aux médecins d’un centre d’examen de santé du régime général de l’assurance maladie ». Il autorise aussi l’envoi direct du kit lors de la seconde relance lorsque « la personne a participé au moins à l’une des trois précédentes campagnes de dépistage organisé du cancer colorectal ».
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