Récepteurs des cellules astrogliales

Comment le cannabis brouille les idées

Publié le 06/03/2012
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LES RÉCEPTEURS aux cannabinoïdes sont exprimés sur les cellules gliales de l’hippocampe, une structure cérébrale qui coordonne les processus d’intégration des informations sonores, visuelles, spatiale, nécessaires à la mémoire de travail, expliquent Giovanni Marsicano (INSERM, Bordeaux), des chercheurs qui ont découvert un mécanisme d’action des cannabinoïdes.

La liaison des cannabinoïdes aux récepteurs réduit la force des connexions entre les neurones au niveau de l’hippocampe.

L’équipe de recherche s’est intéressée au récepteur CB1, présent à la fois sur la membrane des neurones et sur la membrane des cellules dites « astrogliales » de l’hippocampe.

Ils montrent que la liaison des cannabinoïdes aux récepteurs CB1 active l’envoi de signaux aux récepteurs à glutamate des terminaisons nerveuses, qui permettent la circulation de l’information de neurone en neurone. Le cannabinoïde induit une dépression du signal, de nature à perturber la mémoire de travail.

Les observations ont été réalisées en administrant des cannabinoïdes à deux groupes de souris, chez lesquelles les récepteurs de CB1 ont été supprimés, respectivement sur les cellules astrogliales ou les neurones. Le THC (tétrahydrocannabinoïde) donné aux souris chez qui le CB1 manque uniquement sur les neurones, induit des déficits de mémoire de travail spatial. À l’inverse, lorsque seuls les récepteurs CB1 des cellules astrogliales sont supprimés, les performances de mémoire de travail spatiale sont préservées.

« Ces résultats montrent de façon surprenante, in vitro et in vivo, l’importance de l’activation des récepteurs CB1 des cellules astrogliales, et non ceux des neurones, dans la médiation des effets des cannabinoïdes sur la mémoire de travail », explique Giovanni Marsicano et coll.

« La description des mécanismes d’action spécifiques des cannabinoïdes au niveau de l’hippocampe permettra d’optimiser leur potentiel d’utilisation thérapeutique, aujourd’hui limité par d’importants effets indésirables », estiment les chercheurs.

Cell, 2 mars 2012.

Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : Le Quotidien du Médecin: 9093