HÉLAS, ce qu’on craignait se confirme. Le syndrome de sevrage néonatal n’a pas diminué au cours de la décennie passée. Bien au contraire. Des épidémiologistes américains publient des chiffres peu réjouissants, avec un triplement de l’incidence outre-atlantique entre 2000 et 2009. Outre à ses symptômes propres, le syndrome de sevrage néonatal expose les nouveau-nés à davantage de complications néonatales. Les chercheurs montrent ainsi qu’en 2009, le risque de faible poids de naissance était majoré de plus de 19 %, de troubles respiratoires de près de 31 %, de difficultés alimentaires de 18 % et de crises convulsives de plus de2 %.
Irritabilité, hypertonie, tremblements…
Le syndrome de sevrage néonatal qui survient le plus souvent suite à une consommation maternelle d’opiacés pendant la grossesse, se caractérise par la survenue de symptômes aussi divers, tels qu’irritabilité, hypertonie, tremblements, intolérance alimentaire, nausées, selles aqueuses, crises convulsives et détresse respiratoire. Ce syndrome est observé chez environ 60 à 80 % des bébés exposés à l’héroïne ou à la méthadone in utero.
Cette étude dirigée par le Dr Stephen Patrick, de l’université du Michigan, dont « les résultats sont conformes à d’autres plus limitées sur le plan géographique » est la première à avoir évalué le phénomène à l’échelle nationale. Pour ce faire, les chercheurs ont utilisé les données de deux grandes cohortes représentatives, la Kids’ Inpatient Database (KID) pour identifier les nouveau-nés ayant présenté un syndrome de sevrage et la Nationwide Inpatient Sample (NIS) pour identifier les mères toxicomanes dépendantes, sous traitement par méthadone ou prenant des antalgiques opiacés.
Entre 2000 et 2009, l’incidence du syndrome de sevrage est passée de 1,20 à 3,39 pour 1 000 naissances par an à l’hôpital. Quant à la consommation maternelle d’opiacés pendant la grossesse, elle a augmenté de 1,19 à 5,63 pour 1 000 naissances par an à l’hôpital. Les répercussions économiques sont elles aussi conséquentes, puisque le coût moyen d’hospitalisation a grimpé de 39 400 dollars en 2000 à 53 400 en 2009.
Renforcer le suivi médico-social.
Tous les bébés exposés aux opiacés ne vont pas manifester un syndrome de sevrage et il semble possible d’améliorer la prise en charge des femmes enceintes toxicomanes. Alors que le traitement standard repose sur l’administration de méthadone, le premier levier d’action est de renforcer le suivi médico-social, les rechutes étant fréquentes. Les auteurs font aussi remarquer que la buprénorphine est de plus en plus proposée en alternative ces dernières années. Les associations d’un opiacé et de phénobarbital ou de clonidine ont été expérimentées avec des bénéfices sur la durée d’hospitalisation. Autre piste, l’allaitement maternel, peu pratiqué dans ce contexte, mais qui pourrait pourtant être bénéfique chez ces nourrissons.
JAMA. 2012;307(18):1934-1940.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024