Malgré l’absence de soutien officiel de l’État, le « Dry January » semble atteindre sa cible en France. Lancé dans le pays en 2020, ce « défi de janvier » qui incite à l’abstinence d’alcool pendant un mois est de plus en plus suivi, et notamment par des personnes qui rapportent une consommation problématique, selon une enquête menée en janvier dernier.
Publiés dans Frontiers in Public Health en décembre dernier, les résultats de l’étude Janover, menée en ligne du 8 au 17 janvier 2024 auprès de 5 000 adultes (dont 4 075 consommateurs d’alcool au cours de l’année écoulée), révèlent une participation qui a augmenté en quelques années. « Le taux de participation atteint 20 % de la population en 2024, alors que Santé publique France l’estimait à 8% en 2020 lors de la première édition », souligne auprès du Quotidien Louis-Ferdinand Lespine, psychologue, chercheur en addictologie au centre hospitalier Le Vinatier à Lyon et coordinateur de l’étude Janover. En extrapolant à l’ensemble de la population adulte française, ce sont ainsi quelque 4,5 millions de personnes qui auraient participé au Dry January 2024.
Une participation marquée chez les plus jeunes
La participation, similaire entre hommes et femmes (61 % et 60 % respectivement) concerne toutes les tranches d'âge, tout en étant plus importante chez les plus jeunes : 29 % chez les 18-34 ans, 20 % chez les 35-54 ans et 15 % chez les 55 ans et plus. Les jeunes générations sont probablement « plus sensibilisées aux risques associés à l’alcool » et le format sous forme de défi est sans doute « plus adapté et plus attractif pour ces tranches d’âge », explique Louis-Ferdinand Lespine. Ces catégories de population ont aussi un mode consommation davantage tourné vers le « binge drinking » que sur un usage quotidien. « Chez eux, les conséquences négatives sont peut-être plus marquées, avec des lendemains moins radieux. Leur mode de consommation amène sans doute un questionnement plus sérieux », analyse le chercheur.
Par ailleurs, « sans surprise, les participants ont tendance à être plus préoccupés par les effets de l’alcool sur la santé et à plus souvent rapporter un impact négatif de leur consommation sur leur quotidien », observe Louis-Ferdinand Lespine. Par rapport aux non-participants, ceux qui ont relevé le défi étaient aussi plus susceptibles d'identifier leur consommation d'alcool comme « à risque » (32 % contre 17 %, aOR = 2,09), de signaler une consommation dangereuse (22 % contre 18 %, aOR = 1,39) ou une consommation nocive/une possible dépendance (19 % contre 7 %, aOR = 3,17). « Ce sont des profils qui sont plus susceptibles de tirer un bénéfice de la démarche », poursuit le coordinateur de l’étude.
Des bénéfices au-delà du mois d’abstinence
Les bénéfices, observés dans un second volet de l’étude sur un échantillon de 2000 personnes (non encore publié), confirment les bienfaits observés par d’autres travaux sur la qualité du sommeil et sur l’amélioration du bien-être physique et mental. « Les bénéfices sont plus marqués quand le défi est mené à son terme », relève Louis-Ferdinand Lespine. Les effets ne sont pas seulement immédiats. Huit mois après la participation au défi, l’évolution des comportements se maintient. « Près de 60 % des participants rapportent une baisse de leur consommation en fréquence, en quantité ou les deux », poursuit le chercheur. Les participants se déclarent également plus « en capacité à refuser des consommations », ajoute-t-il.
Au final, la campagne est bien identifiée. Après quatre éditions, « il s’agit désormais moins d’un phénomène de mode que d’un phénomène de société », juge Louis-Ferdinand Lespine. Si l’absence de soutien de l’État a pu faire craindre un impact sur la popularité et la notoriété de l’initiative, « rétrospectivement, beaucoup ont peut-être entendu parler de la campagne justement parce que les médias ont relayé ce manque de soutien et l’influence des lobbies de l’alcool », estime le chercheur.
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