LE TRAVAIL est herculéen. Un groupe de travail international vient de publier un état des lieux de la couverture déployée à travers le monde pour prévenir la transmission du VIH chez les usagers de drogue intraveineuse. Conclusions peu rassurantes pour cette colossale revue systématique dans plus de 200 pays et territoires : il existe de très fortes disparités dans l’efficacité des programmes mis en place sur la période 2004-2009. De gros efforts sont nécessaires pour promouvoir les seringues à usage unique, les traitements de substitution aux opiacés (TSO), le dépistage du VIH, les traitements antirétroviraux (ARV) et la distribution de préservatifs. En moyenne à travers le monde, on estime, en effet, que deux seringues stériles sont distribuées par toxicomane et par mois, qu’il y a 8 bénéficiaires de TSO pour 100 toxicomanes et que pour 100 usagers de drogues infectés par le VIH, quatre sont traités par ARV.
Le grand écart.
L’équipe coordonnée par le Dr Bradley Mathers a ainsi « fait feu de tout bois », en « épluchant » à la fois les publications spécialisées, les sites internet, les documents papiers et le retour d’informateurs éclairés. Tout ceci pour recueillir le maximum de données aux échelons mondial, régional et national. Au total, 201 articles spécialisés ont été retenus, 1 209 documents confidentiels et 198 communications. Si 46 indicateurs pré-définis par les organisations internationales étaient rapportés, l’étude s’est focalisée sur l’utilisation de seringues à usage unique, la prescription de TSO, la distribution de préservatifs et l’administration d’ARV.
Seuls 82 pays proposent un programme de seringues stériles, 70 celui d’un TSO, et 66 l’association des deux. Si l’Australie et la Nouvelle-Zélande comptabilisent la plus forte distribution de seringues à usage unique (202 par toxicomane et par an), l’Amérique Latine et les Caraïbes, l’Afrique du nord et le Moyen Orient, l’Afrique sub-saharienne sont des mauvais élèves avec des taux très faibles, respectivement de 0.3, 0.5 et 0.1 seringue/toxicomane/an. Quant aux TSO, la couverture varie de moins de 1 dose pour 100 toxicomanes en Asie centrale, Amérique Latine et Afrique sub-saharienne, à de très hauts niveaux en Europe de l’Ouest (61 doses pour 100 toxicomanes). De même, le nombre d’usagers de drogue traités par ARV fluctue de moins de 1 sujet pour 100 toxicomanes infectés par le VIH (Chili, Kénya, Pakistan, Russie et Ouzbékistan) à plus de 100 dans six pays européens.
Deux mesures phares.
Les épidémiologistes soulignent qu’en Europe de l’Ouest et en Australasie (Australie, Nouvelle-Zélande), il existe une relative homogénéité entre la prévalence de la toxicomanie et une épidémie de VIH stabilisée. En revanche, en Amérique du Nord, la couverture semble nettement moins bonne, que ce soit au Canada et aux États-Unis. Deux mesures apparaissent fondamentales aux yeux des auteurs pour lutter contre la propagation du VIH parmi les usagers de drogue : les TSO et les seringues stériles. S’il est vrai que les TSO sont parmi les interventions les plus coûteuses, la méthadone l’est moins que la buprénorphine dans la plupart des pays. Le groupe de travail espère convaincre les pouvoirs publics encore réticents de la nécessité des programmes de prévention, ce d’autant que d’autres maladies infectieuses pourraient être également évitées, en particulier les hépatites virales, la tuberculose ou les infections sexuellement transmissibles.
The Lancet,volume 375, 1014-28, 20 mars 2010.
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