« Même si le contenu d’une intervention brève peut paraître de bon sens, il s’agit en fait de quelque chose de très codifié, explique Catherine Laporte. C’est le patient qui décide de tout. On lui donne des conseils sur la modération de sa consommation mais c’est lui qui choisit son planning et qui contrôle son évolution ». Lorsque les généralistes de l’essai Canabic sont passés entre ses mains et celles de ses collaborateurs à l’occasion de leur journée de formation, on leur a confié plusieurs principes directeurs. Le premier d’entre eux : sortir du schéma du médecin paternaliste qui affirme ce qui est bien ou pas. « C’est le patient qui décide où il veut aller et comment il veut y aller, poursuit Catherine Laporte, on ne cherche pas forcément l’abstinence mais la prise de conscience et la réduction de la consommation. »
Éviter les questions fermées
Le Dr Philippe Mestre est médecin généraliste en Haute Loire, il a fait partie du bras « intervention brève » de l’étude Canabic. Pour lui, « le plus important dans une consultation, et de s’occuper de ce pourquoi ils sont venus, mais on trouve toujours quelques secondes pour poser une ou deux questions sur la consommation de cannabis. » Une règle d’or pour une intervention brève efficace : éviter les questions fermées afin de laisser au patient l’initiative, ainsi que la possibilité d’exprimer de lui-même son ressenti. Il ne faut pas lui demander s’il fume du cannabis mais si l’on sait qu’il fume du tabac, lui demander « qu’est-ce que tu fumes ? » Avec la réponse viennent souvent des informations complémentaires sur la fréquence et les circonstances de la consommation de cannabis qui aide le patient à objectiver son comportement.
Le jeune ne craint pas la mort
Une fois le dialogue établi un autre concept est important : s’adapter à son auditoire. Selon Philippe Mestre, « les effets à longs termes sur la santé n’interpellent pas un jeune qui n’a pas conscience du vieillissement et de la mort. En revanche, les risques d’échec scolaire et de désociabilisation sont pour lui plus immédiats ». À cette remarque, Catherine Laporte ajoute : « le risque d’insomnie et la baisse des performances sportives sont de bons leviers, surtout quand l’adolescent vient pour un certificat d’aptitude à la pratique sportive. »
Quels que soient les résultats de l’étude Canabic, Philippe Mestre juge très positif cet entraînement à l’intervention brève : « C’est une méthode de communication qui peut servir dans bien d’autres domaines que le cannabis comme l’hypertension ou le diabète ». Depuis cette première expérience, il se forme également à l’entretien motivationnel pour accompagner le patient qui souhaite arrêter après les avoirs repérés grâce à l’intervention brève.
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