L'encre du décret autorisant l'expérimentation des salles de consommations à moindre risque est à peine sèche que la Fédération française d'addictologie (FFA) envisage déjà la phase suivante et recommande, dans un rapport rendu public lundi 18 avril, que la consommation supervisée de drogue soit également permise dans les centres d'accueil pour toxicomanes. Ce qui inclut les centres de soins d'accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) et les centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction de risques pour usagers de drogues (CAARUD).
« La supervision d'injection se fait déjà officieusement dans ces centres qui doivent pouvoir accompagner sur le plan médical ce type de gestes pour en limiter les risques », explique le Dr Alain Morel, qui a présidé l’audition publique dont est issu le rapport de la FFA. La fédération recommande également la mise à disposition des usagers et de leur entourage de la Naxolone, qui ne peut être administrée que par un médecin à l'heure actuelle.
Plaidoyer pour la dépénalisation de l'usage
Cette recommandation fait partie d'un ensemble de 15 recommandations publié sur le site de la FFA, au premier rang desquelles se trouve la dépénalisation de l'usage. Si celle-ci « ne limite pas le nombre des usagers de drogues. Elle a, en revanche, de lourdes conséquences sociales pour l'usager qu'elle enferme dans le statut de délinquant », est-il précisé dans le livret de l’audition publique.
Les auteurs soutiennent le développement au niveau national des expérimentations dont les résultats ont été validés par des études nationales ou internationales : éducation à l'injection, adaptation du matériel d'injection à la prévention du VHC, salles de consommation à risque réduit, recours à la cigarette électronique, éducation des jeunes en santé, soutien et développement des associations d'auto-support. Ils suggèrent également que l'on donne un accès plus large aux prescriptions médicales en vue de soulager la douleur et de traiter la dépendance.
La piste de la diversification des gammes de traitements substitutifs ainsi que la prescription de cannabis thérapeutiques sont évoquées. Les conclusions des assises proposent aussi d'étendre l'utilisation des outils de la réduction des risques à la prévention auprès des publics peu pris en compte actuellement comme les jeunes, les femmes, les personnes privées de liberté, les migrants ou les seniors
Les participants des assises souhaitent promouvoir « une réduction des risques qui ne se limite pas à la lutte contre le VIH ou le VHC, mais participe d’un nouvel agencement gradualiste des réponses faisant le lien entre les différents acteurs, qu’ils soient ceux des dispositifs spécialisés, CSAPA/CAARUD, ceux des hôpitaux ou ceux des acteurs de la ville, pharmaciens et médecins généralistes notamment ».
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