LA PLACE primordiale de la famille en matière d’aide, de communication et de soutien des adolescents face aux risques liés à la consommation de drogues est désormais prouvée. Une revue de littérature – menée en 2005 et ayant pour thème le rôle de la famille face à l’usage et au mésusage de substances psychoactives par les adolescents – montre la nécessité de considérer le renforcement des capacités parentales comme un enjeu de taille dans la prévention de la consommation de drogues chez les jeunes.
Lors des Assises de la parentalité et de la prévention, organisées par la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT) en mai 2010, les experts (psychiatres, pédagogues, philosophes, juristes…) ont également confirmé l’importance du rôle des parents et de l’entourage. « Contrairement à certaines croyances, c’est le maintien d’un lien fort entre les parents et les adolescents, qui permet à ces derniers de devenir autonomes. Or, face à l’usage de drogues des jeunes, les parents se sentent souvent démunis et impuissants. Ils banalisent ou surdramatisent la situation et finissent par perdre le contact avec leurs enfants », a souligné Nora Berra, secrétaire d’État à la Santé, en présentant la campagne lancée par l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES), la MILDT et le ministère du Travail et de la Santé.
D’après un sondage réalisé pour l’INPES et la MILDT*, si la plupart des parents ont une perception très positive de leurs compétences parentales, 21 % ne parlent jamais des dangers liés à la consommation de drogue et 22 % ne rappellent jamais que c’est interdit. De leur côté, 37 % des jeunes de 15-24 ans interrogés déclarent que leur mère ne prend pas le temps, ou seulement parfois, de discuter seule avec eux (50 % pour les pères). Or, pour éviter que leurs enfants consomment de la drogue, c’est l’attitude contraire que devraient adopter les parents. « Ces derniers doivent apprendre à échanger avec les adolescents, à passer du temps avec eux. Il ne faut pas interdire pour interdire mais poser des limites. De même, il vaut mieux délivrer une parole – même maladroite – aux enfants que de garder le silence sur des sujets difficiles. Dans les situations de grande vulnérabilité (passage au collège, au lycée, séparation ou recomposition familiale…), les adolescents ont besoin d’une attention soutenue de la part des adultes », indique Nora Berra.
Pour assumer un tel rôle, certains parents ont besoin d’être aidés, de prendre confiance en eux. Selon le sondage INPES/MILDT, un parent sur cinq a déjà utilisé ou souhaiterait utiliser une aide à la parentalité. Et un tiers ne se sentent pas soutenus par les professionnels dans leur rôle de parents. « Pourtant, des structures et des réseaux d’écoute, d’aide et de lutte contre la toxicomanie des adolescents existent. Mais il faut améliorer leur visibilité », note la secrétaire d’État.
S’informer sur les risques.
C’est l’objet de la nouvelle campagne, intitulée « Contre les drogues, chacun peut agir » (3e volet du plan gouvernemental de lutte contre les drogues et les toxicomanies 2008-2011) **, qui cible les adultes, l’entourage et notamment les parents d’adolescents. Diffusée du 13 décembre au 3 janvier à la télévision, cette campagne a pour objectif de les conduire à s’interroger sur le rôle qu’ils peuvent jouer dans la prévention de consommation de drogue chez leurs enfants via l’échange et le dialogue. Mais aussi de les informer sur les actions à mettre en œuvre. Elle vise à les conforter dans leur capacité à intervenir et à leur proposer un soutien en leur indiquant où trouver de l’aide.
Trois spots, mettant en scène des adolescents face à des situations à risque d’usage de drogue, seront diffusés à la télévision. Ils renvoient vers le site drogues-info-service.fr et la ligne correspondante 0800.23.13.13, sur lesquels chacun peut trouver de l’aide et des informations complémentaires. Et trois annonces (retraçant l’histoire des protagonistes des spots télévisés) seront visibles dans la presse (féminine, TV et d’actualité) du 15 décembre au3 janvier.
Enfin, la brochure « Cannabis, les risques expliqués aux parents » actualisée sera diffusée à plus de 100 000 exemplaires dans des structures dédiées aux jeunes (centres d’examens et de santé, maison des adolescents…) et aux professionnels amenés à être en contact avec eux (psychologues, médecins…). Elle permettra d’apporter aux parents des informations sur les risques de la consommation de cannabis, en termes de santé et de développement de l’adolescent. Mais aussi, de les aider à aborder cette question avec leurs enfants.
* Sondage téléphonique effectué par l’institut BVA les 16 et 17 avril 2010, auprès de 391 parents d’enfants de moins de 26 ans et de 112 jeunes de 15 à 24 ans.
**La première campagne rappelant la dangerosité de l’usage de drogues a été diffusée en septembre 2009 et la deuxième (ciblant le cadre légal en matière de drogues et de vente d’alcool aux mineurs), ennovembre 2009.
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