Primaires socialistes

La santé ? No comment

Publié le 19/09/2011
Article réservé aux abonnés
1316421792280601_IMG_67031_HR.jpg

1316421792280601_IMG_67031_HR.jpg
Crédit photo : AFP

DAVID PUJADAS, grand animateur de la soirée politique, avait d’emblée donné les règles du jeu : « Au vu de l’actualité, la priorité sera donnée aux questions économiques et sociales. » Les candidats avaient tout juste choisi un thème qui leur est plus personnel pour être interrogé 3 minutes en guise de carte blanche. En vain. La santé ne s’est pas une seule fois imposée comme un défi majeur dans le discours des 6 candidats en lice pour la primaire socialiste. Aussi a-t-il fallu se contenter d’évocations plus ou moins lointaines qui n’ont eu d’autre fonction que d’illustrer des problèmes plus généraux.

L’hôpital a ainsi servi d’exemple à Jean-Michel Baylet pour dénoncer la précarité de l’emploi tout en rejetant la proposition socialiste de créer 300 000 emplois d’avenir dans le secteur public. « Je considère que c’est (une mesure) trop coûteuse. En tant que président de conseil régional, j’ai toujours créé les conditions pour que les employés soient finalement recrutés. Généralement, que ce soit dans les hôpitaux ou dans les associations, ils se retrouvent toujours au chômage », a-t-il déclaré face aux deux journalistes politiques Françoise Fressoz, du Monde et Fabien Namias, de France 2, proposant a contrario d’alléger les charges sociales des entreprises.

Manuel Valls a son côté cité le cas des médecins étrangers, en poste dans les hôpitaux, pour nourrir son discours en faveur de quotas de travailleurs immigrés. « Aujourd’hui certains secteurs présentent des difficultés. Pourquoi les immigrés sont condamnés à travailler dans un certain nombre de restaurants ?Pourquoi aujourd’hui à cause de la politique de numerus clausus dans la médecine, nous devons demander à des médecins étrangers de venir dans nos hôpitaux ? », s’est-il interrogé, plaidant pour une meilleure organisation de l’immigration.

Et Martine Aubry a effleuré la question de la taxation des mutuelles, instaurée à l’occasion du plan de rigueur de François Fillon et devant rapporter 1,2 milliard de recettes, dans une tirade sur la nécessaire relance de la croissance et le pouvoir d’achat. « Si on fait comme le gouvernement actuel une politique d’austérité, qui tape les classes populaires et les classes moyennes, en augmentant la contribution sociale généralisée, le coût des mutuelles, le prix du tabac et de l’alcool, c’est vrai que la croissance ne va pas revenir. »

Finalement, ce n’est qu’en arrière-plan des discussions sur la réforme fiscale que s’est profilée la question du financement de la protection sociale. Tous les candidats se sont retrouvés sur la ligne du programme officiel du parti socialiste, à savoir une fusion de l’impôt sur le revenu avec la contribution sociale généralisée. Seul François Hollande a dénoncé directement le trou de la Sécu. « L’État emprunte non pas pour rembourser sa dette, mais pour payer les charges d’intérêt. La Sécurité sociale, 30 milliards de déficit ! Ce solde-là est emprunté sur les marchés pour que nous payions en définitive nos dépendances d’aujourd’hui, par l’effort de nos enfants demain ! Comment faire ? »

Maîtrise des comptes publics, retour à l’équilibre budgétaire et réforme fiscale, répondent tous en cœur les socialistes. Mais savoir de quelle manière le système de santé sera mis à contribution semble être un autre débat.

 COLINE GARRÉ

Source : Le Quotidien du Médecin: 9006