L’ESSAI CAIMAN est la première étude évaluant un traitement de la dépendance à la cocaïne à l’aide de l’imagerie cérébrale.
La cocaïne a comme principale cible cérébrale le transporteur de la dopamine. L’étude CAIMAN (Cocaine Addiction Imaging Medications And Neurotransmitters) utilise plusieurs techniques d’imagerie cérébrale, dont certaines sont très pointues - IRM, IRM fonctionnelle, TEP -, pour évaluer l’impact du modafinil sur ce transporteur de la dopamine.
Le modafinil a fait ses preuves aux États-Unis, notamment au cours d’un grand essai clinique chez 210 patients, qui a montré une efficacité potentielle. Cet essai a délivré de plus une information importante : le modafinil peut être efficace chez les patients cocaïnomanes qui abusent d’alcool ou qui en consomment occasionnellement mais n’en sont pas dépendants. Il est important de savoir que l’alcool ne va pas gêner l’effet thérapeutique, car l’usage d’alcool chez les cocaïnomanes est fréquent.
En France, le modafinil est utilisé dans la narcolepsie ou l’hypersomnie idiopathique. Ce produit est soumis à une restriction de prescription. L’étude CAIMAN est réalisée dans le cadre d’un PHRC (programme hospitalier de recherche clinique). Ce n’est pas un essai clinique médicamenteux, mais le modafinil peut être utilisé dans ce contexte.
Trente hommes dépendants à la cocaïne et demandeurs de traitement sont prévus pour cette étude, où du modafinil (400 mg/j) ou un placebo sont administrés pendant trois mois, en condition du double aveugle.
Après consultation dans l’un des centres hospitaliers participant et le recueil du consentement, les patients sont hospitalisés pour une cure de sevrage de la cocaïne de 17 jours dans le service d’addictologie de l’hôpital Paul Brousse (AP-HP / www.centredesaddictions.org) à Villejuif. Pendant cette même période, c’est dans le département de recherche médicale du centre hospitalier Frédéric-Joliot à Orsay que les examens d’imagerie cérébrale sont pratiqués avant la prise du traitement et à la fin du sevrage.
Notamment le TEP de haut niveau, réalisé avec un radio ligand très spécifique le PE2I. En parallèle, une IRM fonctionnelle est réalisée pour évaluer les répercussions neuro-psychologiques de l’addiction à la cocaïne et du médicament testé. Pour chaque patient, l’imagerie est faite à l’inclusion puis réitérée quatorze jours plus tard, afin de visualiser des différences dans des régions du cerveau où s’exprime le transporteur de la dopamine (régions striatales et extra-striatales). La mise en évidence de telles modifications permettra de vérifier les effets cliniques du modafinil.
Une cartographie très précise.
L’imagerie va donner une cartographie très précise des choses. L’hypothèse testée est que le modafinil pourrait se comporter comme un substitutif de la cocaïne et qu’il va occuper la place de la cocaïne sur le transporteur de la dopamine.
Seuls des hommes sont inclus dans CAIMAN car l’utilisation du traceur radioactif pour l’examen TEP est contre-indiqué chez les femmes en âge de procréer.
Les patients hospitalisés lors du sevrage dans le cadre de cette étude reçoivent comme traitement d’aide un anxiolytique non-benzodiazépine (hydroxyzine), à visée symptomatique ainsi que des séances de psychothérapie comportementale. L’effet du médicament testé va être évalué également sur les paramètres psychiques et physiques de la dépendance.
L’addiction à la cocaïne est une maladie d’installation rapide, qui s’associe à de nombreuses complications (psychiques, physiques, sociales). Alors que plusieurs médicaments sont utilisés et validés pour traiter les dépendances à l’alcool, à l’héroïne ou au tabac, il n’y a pas de traitement pour les problèmes de cocaïne, malgré 25 ans de recherche.
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