L'ARS des Hauts-de-France vient de décider de mobiliser 200 000 € dans la lutte contre l'usage détourné de protoxyde d'azote.
La consommation à des fins récréatives de ce gaz « hilarant », utilisé depuis longtemps en médecine pour ses propriétés anesthésiantes et analgésiantes mais aussi pour faire fonctionner les siphons à chantilly, a débuté il y a plusieurs années dans la métropole lilloise avant de s'étendre peu à peu. Elle touche à présent plusieurs régions françaises, les jeunes étant les plus concernés.
« Ce produit était d'abord utilisé durant les fêtes mais désormais il est consommé dans la rue », observe la Dr Audrey Joly, conseillère médicale à l'ARS chargé de mission sur les addictions. Les petites capsules argentées, en vente libre, s'entassent dans les caniveaux de certains quartiers… Au point que les maires de plusieurs communes de la métropole lilloise ont pris des arrêtés cette année pour interdire la consommation de ce produit ainsi que la vente des capsules aux mineurs.
Des parlementaires du Nord s'emparent également du sujet : les sénateurs Valérie Létard (centriste) et Frédéric Marchand (LREM) et le député Ugo Bernalicis (LFI) ont préparé des propositions de loi sur le sujet, celle des 2 premiers étant examinée ce 11 décembre au Sénat. Et le ministère de la Santé a alerté en novembre sur les dangers de la consommation du gaz.
Déficit en vitamine B12
« Sur 25 cas sévères notifiés en France, huit sont localisés dans la région : cinq à Lille, deux à Roubaix et un à Amiens », remarque Audrey Joly. Les personnes concernées souffrent d'atteintes neurologiques périphériques ou centrales liées au déficit en vitamine B12 que provoque la consommation excessive de protoxyde d'azote. Les Hauts-de-France étant la région la plus touchée, l'ARS mobilise des fonds supplémentaires à destination, principalement, des collectivités concernées.
L'agence régionale a déjà commencé des travaux avec la ville de Lille, indique Stéphanie Maurice, sous-directrice de l'ARS chargée des parcours, des addictions et des personnes en difficulté spécifique, pour « définir un programme d'action ». Ce dernier est en cours de préparation avec le Conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD) et le service santé de la ville. Il comprendra des actions de sensibilisation des professionnels qui encadrent les jeunes aux mécanismes des produits addictifs, aux risques liés à leur consommation et à la manière d'aborder le sujet avec eux.
D'autres actions pourront viser les parents via l'organisation de groupes de parole, par exemple, mais aussi les jeunes eux-mêmes, de manière préventive sur les risques de la consommation des produits mais aussi sur la réduction des risques pour ceux qui les consomment. « Depuis l'annonce de la mobilisation de crédits supplémentaires, d'autres mairies ont contacté l'ARS », indique Stéphanie Maurice et l'agence encourage les collectivités à lui soumettre des plans d'action qu'elle pourra financer sur l'enveloppe récemment débloquée.
Les médecins appelés à signaler les cas graves
L'ARS s'est également mobilisée pour sensibiliser les professionnels de santé, ajoute Audrey Joly. « Nous avons informé début 2019 les médecins libéraux, généralistes mais aussi neurologues, pédiatres ainsi que les urgentistes, indique-t-elle. Nous leur avons rappelé le circuit de signalement des cas graves, sur signalement-sante.gouv.fr et auprès du centre d'addictovigilance régional, car la notification permet d'objectiver le problème. »
L'ARS a également informé les professionnels des Centre d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques des usagers de drogues (CAARUD), des Centre de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA), des Consultations jeunes consommateurs (CJC) et des structures sociales, éducatives et médicosociales. Aussi, précise la Dr Joly, « nous déployons en région des programmes de développement des compétences psychosociales afin d'éviter les prises de risques ».
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024