L’HISTOIRE DU JOUR

Les risques de l’intelligence

Publié le 16/11/2011
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Les enfants qui ont un QI élevé auront plus souvent recours aux drogues à l’adolescence et à l’âge adulte, montre une étude (en ligne, « Journal of Epidemiology and Community Health ») réalisée grâce à la cohorte britannique 1970. Soit près de 8 000 personnes dont le QI a été mesuré à 5 et 10 ans et dont l’usage de drogues à 16 et 30 ans est connu.

C’est ainsi que ceux qui ont obtenu des scores élevés aux tests d’intelligence à 5 ans ont, par rapport à ceux qui ont des scores faibles, 50 % de risques supplémentaires de prendre, 25 ans plus tard, des amphétamines, de l’ecstasy et autres drogues illicites. Le lien est encore plus fort chez les femmes, avec deux fois plus souvent, chez celles à haut QI, de consommation de cannabis et de cocaïne. On retrouve le même lien entre le QI à 10 ans et l’usage de cannabis, ecstasy, amphétamines, polyconsommation et cocaïne (dans ce dernier cas, seulement à 30 ans). Des liens qui subsistent, quels que soient l’anxiété-dépression durant l’adolescence, le niveau social des parents et le revenu du ménage.

Des études ont montré qu’un bon QI favorisait un style de vie sain, d’autres, au contraire, ont mis en évidence un excès d’alcool ou une dépendance à l’âge adulte. Alors, comment expliquer cette relation entre QI et drogues ? Les gens intelligents seraient plus ouverts aux expériences, à la nouveauté et à la stimulation. Et les enfants à fort QI s’ennuieraient facilement et souffriraient des moqueries, voire des brimades de leurs pairs, ce qui les rendrait plus vulnérables.

Faudra-t-il donc renoncer à l’espoir d’engendrer des petits génies ?

RENÉE CARTON

Source : Le Quotidien du Médecin: 9042