D’APRÈS un article du « Lancet » (publié en ligne le 18 avril), le taux de décès par overdose a été réduit de plus d’un tiers aux alentours de la première salle de consommation de drogue d’Amérique du nord, à Vancouver. Le centre de consommation supervisé (CIS) de Vancouver a été mis en place, il y a huit ans, dans un quartier socialement très démuni, connu pour son commerce de drogues en tous genres et son fort taux d’infections à VIH. Le Dr Thomas Kerr et son équipe, du Centre d’excellence contre le VIH-sida de Colombie britannique, ont rassemblé toutes les données sur les morts par overdose intervenues entre 2001 et 2005, et la zone où elles avaient eu lieu. Ils ont comparé la période 2001-2003, avant la mise en place du centre, et la période 2003-2005, ainsi que le nombre de morts dans un rayon de 500 m autour du centre par rapport au reste de la ville.
Le nombre de décès par overdose a baissé de 35 % (de 254 à 165 pour 100 000 par an) à proximité du centre, et de seulement 9 % dans le reste de la ville (de 7,6 à 6,9 par 100 000 personnes par an). « Les centres d’injection supervisés sont un moyen efficace pour réduire le taux de mortalité par overdose (...) et devraient être envisagés particulièrement dans les communautés où l’usage de la drogue par injection atteint des niveaux élevés », considèrent les auteurs.
Le gouvernement réticent.
L’existence de ces centres, implantés dans plus de 45 villes de huit pays (pour la plupart européens) – et approuvés par nombre d’associations, notamment celles spécialisées dans la réduction des risques –, a été écartée par le gouvernement français alors même que l’INSERM avait rendu un avis favorable sous certaines conditions. Tandis que l’Académie de médecine estime que la mise à disposition de telles salles pourrait remettre en question « l’image répulsive » des drogues « les plus détériorantes », des maires de gauche comme de droite, notamment ceux de Paris et de Marseille, Bordeaux et Lille, se disaient pourtant prêts à tenter l’expérience. Les pouvoirs publics « sont réticents à autoriser de nouvelles stratégies ayant pourtant montré leur efficacité dans d’autres pays, comme les centres d’injection supervisés ou la prescription d’héroïne médicalisée », regrette le Conseil national du sida dans son dernier avis (le « Quotidien » du 7 avril). « Contrairement aux centres d’injection, qui ont déjà été évalués et ne sont pas mis en place », les politiques répressives telles qu’elles sont pratiquées en France « ne l’ont jamais été », dénonçait son vice-président, le Dr François Bourdillon.
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