Depuis le début de l'année, plus d'une centaine de nouveaux patients ont été inclus dans l'autorisation temporaire d'utilisation (ATU) de la naloxone en spray Nasclue, distribuée en France par Indivior, et destinée aux consommateurs de drogues comme autotraitement d'urgence des intoxications aiguës aux morphiniques.
Ce chiffre est à comparer à la cinquantaine de patients seulement, entrés au cours des 4 mois précédents, en raison des fortes limitations de l'ATU. La raison de cette subite accélération : la décision de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) d'ouvrir la dispensation de la naloxone en spray aux centres de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA). Avant cette modification intervenue au début du mois de janvier, les médecins exerçant en CSAPA, en service d’addictologie hospitalier, en service des urgences et dans tout autre service bénéficiant d’une équipe de liaison et de soins en addictologie (ELSA) pouvaient prescrire Nalscue, mais sa délivrance restait réservée aux pharmacies à usages intérieurs (PUI). En tout, à la date du 6 février, 106 kits ont été distribués à 170 patients inclus dans l'ATU, inscrits par 186 médecins.
Une première vie sauvée
Un premier décès a même été évité, le 31 janvier dernier, grâce à l'utilisation d'un de ces kits, déclarée par un médecin du Puy-en-Velay, comme l'indique au « Quotidien » le Dr Jean-Michel Delile, directeur du comité d’étude et d’information sur la drogue et les addictions de Bordeaux, et membre de la Commission des stupéfiants et psychotropes de l'ANSM.
L'obtention de l'autorisation de mise sur le marché (AMM), sollicitée fin novembre par Indivior, débloquera la possibilité de dispenser Naxclue en centres d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues (CAARUD) ou de le prescrire en ville avant une dispensation en pharmacie d'officine. Depuis le vote du PLFSS 2017, les CARUUD sont autorisés à dispenser la naloxone.
Une situation débloquée à plusieurs niveaux
Pour le Dr Delile, qui dénonçait en décembre dernier une situation de blocage, « la situation a vraiment évolué, en partie suite à la malheureuse série de décès par overdoses survenus dans la Drôme ». Les formations, qui étaient principalement proposées aux médecins des services hospitaliers sont désormais ouvertes aux médecins exerçant dans d'autres structures. « Nous préparons de nouvelles formations avec plusieurs organismes dont la fédération addiction », détaille le Dr Delile. Au 6 février, un total de 605 médecins et de 201 pharmaciens a été formé à la prescription et la dispensation des kits de naloxone en spray.
Les médecins travaillant en CSAPA craignaient que le prix du Nasclue, 130 à 150 euros, ne soit un frein à son obtention par leurs structures. « Le laboratoire a fait un geste en fournissant 9 000 kits à titre gracieux, précise le Dr Delile, en attendant que des mécanismes de financement en soient mis en place par les ARS. »
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