Pour diminuer la consommation journalière de tabac transformer le paquet de cigarettes en « coffre-fort », est une orientation envisagée par quelques startups comme Regulsmoke.
Avec sa solution « Smoking-stopper », le fumeur glisse son paquet dans un étui connecté et complète un questionnaire via l’application smartphone. Pendant une semaine, le dispositif va analyser la consommation sans aucune restriction pour mieux déterminer le profil du fumeur et proposer un programme de sevrage adapté. Selon les objectifs fixés, l’étui connecté pourra s’ouvrir à certains moments de la journée. Le dispositif prévoit un accès à quelques « cigarettes paniques » pour ne pas frustrer l’utilisateur dans les moments de grand stress. Lors d’un suivi médical, le professionnel peut intervenir par le biais d’une interface web pour affiner le programme. Disponible en pharmacie et parapharmacie dès septembre prochain, le dispositif initialement développé auprès de tabacologues doit faire l’objet d’une évaluation clinique, indique Xavier Legrand, président de la société Regulsmoke qui réalise actuellement une levée de fonds pour mener une étude en ce sens.
Dans une approche similaire mais avec un objet différent, la startup JICC propose un briquet connecté qui enregistre les cigarettes allumées, ainsi que la date, l’heure et le lieu exact pour chacune d’elles. L’application compagnon sur smartphone évalue aussi la consommation et propose au fumeur de se fixer un objectif de nombre de cigarettes quotidien ou par créneau horaire. Les données exportables peuvent être envoyées par e-mail au professionnel de santé ou imprimées par le patient en vue de la consultation. JICC inclut une approche communautaire dans l’arrêt du tabac avec partages des objectifs et des résultats de consommation auprès de proches. L’application prodigue plus classiquement des conseils au fumeur pour l’aider à arriver à ses fins de sortie de la dépendance à la cigarette.
Réseau social du sevrage
La dimension « réseau social » du sevrage tabagique est encore plus largement développée par la société « Smoke Watchers ». Disponible via une application smartphone et une interface web gratuits, cette solution propose l’incontournable tableau de bord des consommations de tabac et permet surtout d’inclure des proches ou d’autres membres de la communauté « Smoke Watchers » qui peuvent être aussi des encadrants « certifiés » – professionnels de santé, coaches sportifs, volontaires ou anciens fumeurs ayant « fait leurs preuves » sur le réseau. « Smoke Watchers » propose également une « option connectée » avec cigarette électronique. Le dispositif a fait l’objet en septembre dernier d’une enquête pilote auprès de fumeurs franciliens adhérents à la Mutuelle nationale des hospitaliers (MNH). Menée avec l’aide du réseau de prévention des addictions (RESPAAD) cette étude de trois mois a entre autres permis de valider le caractère « engageant » de la solution.
Nicotine à la carte
En matière de cigarette électronique connectée, la société Enovap propose un dispositif inédit reposant sur un double réservoir de e-liquides (avec et sans nicotine), permettant de réguler très simplement et précisément les concentrations en nicotine inhalées. Après une période d’analyse préalable de la consommation, l’application connectée à la e-cigarette Enovap est en mesure « d’anticiper les besoins en nicotine tout au long de la journée », assure Julien Abulfeda, directeur technique de la startup. Un système de diminution automatisé et personnalisé est là pour offrir au vapoteur une sortie en douceur de la dépendance à la nicotine. Commercialisé à partir du mois de décembre, cette e-cigarette connectée doit être au cœur d’une étude clinique qui en évaluera l’efficacité dans le courant de l’année 2017. « Notre ambition est d’amener ce produit vers le dispositif médical », confie Alexandre Scheck, président d’Enovap.
L’atout « big data »
Régulièrement sollicité par ces startup e-santé pour donner son avis sur les orientations choisies, le Pr Bertrand Dautzenberg, pneumologue à la Pitié Salpêtrière (Paris), voit d’un bon œil l’arrivée des nouvelles technologies dans la boîte à outils d’aide à la sortie du tabac. « En tant qu’acteur de santé publique, ce qui m’intéresse le plus c’est de récupérer les big datas générées par ces objets connectés. Il y a un intérêt individuel et collectif pour mieux connaître les lieux de rechute en particulier et optimiser la prise en charge des fumeurs en consultation », souligne-t-il. « Sortir du tabac par le plaisir et non pas par le sevrage, c’est la grande force de ces outils qui permettent au minimum de se connaître et de savoir pourquoi on fume », conclut-il.
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