À l'occasion de la journée internationale de sensibilisation sur les overdoses qui s'est tenue le 31 août, les associations dans le champ de l'addictologie ont de nouveau regretté le difficile accès aux traitements d'urgence contre les overdoses, et notamment la naloxone en spray, alors qu'une augmentation de 15 % des décès liés aux overdoses a été observée pendant la pandémie de Covid-19.
La naloxone en spray est disponible en France depuis janvier 2018 avec l'arrivée de Nalscue (laboratoire Indivior). Après de nombreux débats autour de son éventuelle mise à disposition en pharmacie, qui n'a finalement jamais eu lieu, sa commercialisation s'est arrêtée en décembre 2019 avec la péremption des derniers stocks disponibles. Pendant quelque temps, seule la formulation injectable Prenoxad (laboratoire Ethypharm) était disponible en France, y compris en pharmacie d'officine.
La situation ne s'est, depuis, pas beaucoup améliorée : trois autres spécialités en spray − Ventizolve (DNE Pharma), Naloxone Adapt Pharma (Adapt Pharma) et Nyxoid (Mundipharma) − ont été mises sur le marché avec une dispensation possible en officine, mais aucune n'a encore été effectivement livrée dans les pharmacies. À ce jour, seul Mundipharma a communiqué une date de mise à disposition de Nyxoid, prévu pour arriver dans les pharmacies au cours de l'automne 2021.
Des freins et un manque de communication
En dépit de cette annonce, 27 associations et sociétés savantes (dont France Patients Experts Addiction, Fédération Addiction, Fédération française d'addictologie, SOS Hépatites, etc.) ont demandé une disponibilité plus large de ces produits, ainsi que le renforcement des circuits de distribution existants, via les pharmacies d’officine directement ou par le biais de conventionnements facilités avec les centres d'addictologie (CSAPA* et CAARUD*).
Le collectif souhaite aussi que la naloxone intranasale ne soit plus soumise à prescription médicale et qu'elle soit inscrite sur la liste des médicaments remboursables. Est déplorée aussi la complexité du circuit d'alimentation des CSAPA et des CAARUD en ce qui concerne ces dispositifs médicaux. Aussi, est-il suggéré d'autoriser ces structures à commander directement la naloxone. Tirant les enseignements des épisodes de confinement de ces derniers mois, les associatifs estiment en outre que la naloxone doit pouvoir être diffusée via le dispositif de réduction des risques à distance (RDRAD).
Par ailleurs, les associatifs ne se satisfont pas du manque de communication autour de la réduction des risques d'overdose et demandent des efforts de sensibilisation des usagers, de leur entourage, des services de secours, des pompiers et des forces de l’ordre, ainsi qu'une communication officielle de la part de la direction générale de la Santé et de la mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca).
Aujourd'hui, les opioïdes sont responsables de 80 % des surdoses. Les associations souhaitent tout de même mettre l'accent sur les risques liés aux polyconsommations et aux overdoses non opioïdes (psychostimulants, crack, alcool…).
*CSAPA : centre de soin, d'accompagnement et de prévention en addictologie ; CAARUD : centre d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques des usagers de drogues
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