Lecteurs, nous sommes fiers de vous ! Vous êtes nombreux à avoir répondu à notre appel sur le site du « Quotidien du Médecin » la semaine dernière. Même si ce sont, logiquement, les plus concernés d’entre vous qui nous ont contactés, vos témoignages laissent entendre que l’intervention brève est en train de prendre racine dans les cabinets libéraux, et que le cannabis n’y est pas un tabou.
« Je demande systématiquement s’ils fument du tabac, s’ils me répondent oui, je leur demande s’ils fument aussi du cannabis », nous a répondu le Dr Ana Maria Chouillet médecin généraliste remplaçante à Nantes et dans sa région. « En dehors de deux cas où il s’agissait de gros consommateurs souhaitant arrêter, et que j’ai adressés à un centre spécialisé, il s’agissait toujours d’une consommation occasionnelle qui n’a rien de dramatique : il ne faut pas surréagir, même s’il faut insister sur le risque de passerelle vers d’autres drogues plus dangereuses. » La grande majorité des réponses suggèrent que la question du cannabis doit être abordée en même temps que celle des autres drogues, et surtout en même temps que le tabac qui lui sert d’introduction.
Ni jugement ni paternalisme
Concernant le dialogue entre le patient et son médecin, vous êtes nombreux à nous répondre qu’il faut éviter à tout prix la posture moralisatrice ou paternaliste, et adapter son discours à son auditoire. Le Dr Laurence Guillaume exerce en cabinet libéral à Marseille où elle tient une consultation centrée sur la médecine esthétique. Elle reçoit donc souvent des jeunes préoccupés par la santé de leur peau et par leur physique. « Quand vous avez une consommation régulière de cannabis, une dermite séborrhéique peut apparaître de même qu’une appétence aux sucres, explique-t-elle. Ce genre de message devrait emprunter des moyens de communications couramment utilisés par les jeunes comme les réseaux sociaux. Ne serait-ce que pour informer sur les risques de la conduite d’un scooter ou d’une voiture sous l’emprise du cannabis qui ne sont pas forcément connus. »
L’impression de maîtriser
La suite de la prise en charge dépend évidemment du patient. Pour Marianne Moliard, médecin généraliste à Stains (Seine-Saint-Denis), « quelques-unes veulent arrêter, il s’agit sont souvent des plus vieux qui ont une histoire assez longue qui les lie au cannabis. Pour ceux-là, on peut facilement les adresser aux consultations spécialisées. La grande majorité affirme qu’ils maîtrisent leur consommation. Je leur réponds que même s’ils ont l’impression de maîtriser, il vaut mieux s’orienter vers un arrêt complet. » Plusieurs de nos internautes évoquent également les questionnaires d’autoévaluation de la consommation, et tous les témoignages semblent indiquer que le risque légal doit systématiquement être évoqué. « Dans tous les cas, je les laisse décider, affirme pour sa part Ana Maria Chouillet. Je leur explique que les effets du cannabis sur un cerveau jeune sont très importants. Je les préviens du risque de schizophrénie qui est plus important. »
Enfin, un consensus semble aussi se former autour de l’importance de garder un lien de confiance en n’impliquant pas les parents si ce n’est pas rendu nécessaire par la mise en danger du jeune. Autre point de concorde : les formations initiales n’abordent pas assez la question du cannabis. Tous nos répondants tirent en effet l’essentiel de leurs connaissances de leurs lectures et de leurs expériences.
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